Le groupe agro-industriel Olam est présent dans 65 pays, dont 25 en Afrique. © Reuters

L’Afrique demeure globalement un importateur net de produits alimentaires. Quelle ironie quand on sait que la région détient 60% des terres arables non cultivées dans le monde sans compter son accès à de nombreuses ressources en eau. Aussi, le continent a le potentiel non seulement de nourrir sa propre population, mais aussi de contribuer à la sécurité alimentaire mondiale.

Avec une population africaine qui devrait doubler à 2 milliards d’habitants d’ici 2050 et une population urbaine en croissance rapide, il devient de plus en plus vital pour l’Afrique d’accroître sa production agricole et d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Que manque-t-il donc à l’Afrique pour rompre le cycle et cesser d’être un importateur net de produits alimentaires ?

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Son argument principal :

Si L’Afrique subsaharienne dépend des importations alimentaires, c’est parce que la région a le plus faible rendement de récolte réelle (en pourcentage du rendement potentiel) du monde entier.

Bikash Prasad, directeur financier pour l’Afrique du Sud et de L’Est chez Olam International, a conduit un discours plein d’enseignements lors de l’Africa Trade Finance Week à Cape Town en Afrique du Sud.

Il a souligné que le rendement réel des récolte en Afrique sub-saharienne est estimé à 25% du rendement potentiel contre près de 90% pour l’Asie de l’Est. Selon lui, si l’Afrique doublait son rendement de récolte réel à 50%, le continent serait en mesure non seulement de se nourrir, mais aussi de devenir un exportateur net de produits alimentaires.

Comment ? Il propose cinq façons d’y arriver.

1. Apprendre des meilleurs

Prasad suggère que les agriculteurs et les économies africaines devraient apprendre des meilleures pratiques en matière de rendement de production observées au niveau mondial et en Afrique. Par exemple, la Division de statistique de la FAO (FAOSTAT) a publié des données en 2013 qui montrent que la Belgique était le plus grand producteur de blé au monde, avec une production moyenne de 8,46 tonnes par hectare. En Afrique, le plus grand producteur de blé est la Zambie, avec une production de 6,13 tonnes par hectare, largement au dessus de la moyenne africaine de 1,97 tonnes par hectare et de la moyenne mondiale de 2,79 tonnes par hectare. Par conséquent, Prasad fait valoir que les économies et les agriculteurs africains qui cherchent à accroître le rendement réel de leurs récoltes doivent apprendre des réussites de ces économies, et mettre en œuvre leurs meilleures pratiques.

2. Démocratiser l’utilisation des engrais

Pour améliorer la production alimentaire, l’Afrique devra considérablement augmenter la quantité d’engrais utilisée, a déclaré Prasad. Selon les statistiques de la FAO, les taux d’application des engrais en Afrique subsaharienne en 2008 étaient de 7 kg par hectare, contre 165kgs par hectare en Europe de l’Ouest, et une moyenne mondiale de 109kgs par hectare.

3. Développer l’utilisation des technologies d’amélioration des rendements

Les statistiques montrent également que l’Afrique est en retard dans l’utilisation des technologies d’amélioration des rendements telles que les outils d’irrigation des cultures et les machines agricoles comme les tracteurs. Pour illustrer cela, Prasad a mis en évidence les statistiques du Rapport sur le développement dans le monde 2007 qui a montré que, entre 2001 et 2003, 18,4 % des terres de culture du monde était irriguées, contre 3,6% en Afrique subsaharienne. En outre, pendant la même période, l’Afrique subsaharienne a été enregistrée comme ayant 13 tracteurs par 100 km² de terres arables, par rapport à l’Union économique et monétaire européenne comptabilisant 1002 tracteurs par 100 km².

4. Améliorer les infrastructures et l’énergie

Comparé à d’autres régions en développement, les frais et les infrastructures en Afrique subsaharienne indiquent que la région est à la traîne et peu rentable. Par exemple, selon les statistiques de 2008 de la Banque mondiale, le coût des services Internet dial-up, des appels téléphoniques internationaux, des tarifs d’électricité et des tarifs de fret routier sont beaucoup plus élevés en Afrique subsaharienne que dans les autres régions en développement.

5. Miser sur la R&D et les financements innovants

Prasad a ajouté que les économies africaines ont besoin de réformer leurs dépenses de recherche et développement (R&D), comme les variétés améliorées de semences agricoles. Puisque le manque d’accès au financement est une contrainte majeure pour de nombreux petits agriculteurs en Afrique, il a souligné la nécessité de promouvoir un financement efficace et innovant dans l’agriculture.

Si les bonnes doses d’eau, d’engrais, de finance et de travail sont réunies en Afrique, Prasad fait valoir que le secteur agricole de la région aura le potentiel de croissance le plus élevé au monde.

Analyste sur Nextafrique.com.

Activiste dans une ONG internationale sur des projets de développement social et durable, Langke prône un développement sain et prudent en Afrique.