A l'échelle mondiale, les incubateurs d'entreprises ont pris beaucoup d'ampleur ces derniu00e8res années. Le modu00e8le du2019incubation a été appliqué à une variété de secteurs et de contextes, nécessitant une constante adaptation.

En plus de constituer un moteur majeur d'innovation, dans de plus en plus de domaines, le modèle d'incubateur d'entreprise est une composante majeure pour renforcer les politiques de création de richesses et d'emplois viables à fort potentiel en Afrique.

A l'échelle mondiale, les incubateurs d'entreprises ont pris beaucoup d'ampleur ces dernières années. Le modèle d incubation a été appliqué à une variété de secteurs et de contextes, nécessitant une constante adaptation. L association NBIA estime qu'il existe actuellement 7.000 incubateurs à travers le monde.

Puisant dans sa contrepartie physiologique, un incubateur nourrit une entreprise dès ses premiers pas. Les incubateurs ont tendance à le faire en offrant des services et un « appui en termes d'hébergement, de conseil et de financement », durant la phase de démarrage d une entreprise. Leurs objectifs fondamentaux en offrant ces services sont généralement orientées vers la création d'emplois, le développement de l'entrepreneuriat, faisant croître une industrie particulière, tout en conservant la diversification économique, tout cela dans un lieu ou une communauté particulière. De nombreux incubateurs fonctionnent comme des entités à but non lucratif comme les groupements étatiques et les agences de développement économique. Toutefois, il existe également des incubateurs à but lucratif qui se rémunérèrent souvent sur les futurs retours sur investissements des actionnaires.

L'accélérateur d'affaires est un autre modèle dérivé qui est souvent appelée indifféremment incubateur d'entreprises, mais qui en est légèrement différente. Les accélérateurs aident les entreprises qui sont dans une phase d  « adolescence » et ont besoin de poursuivre le développement de leur force institutionnelle, de leur vision et de leur stratégie. En outre, les accélérateurs fonctionnent souvent sur un calendrier beaucoup plus court que les incubateurs. Ils nouent des partenariats avec leurs clients pour seulement quelques mois. Comme leur nom l indique, des résultats tangibles sont attendus au terme de l'engagement court et intense durant lequel les accélérateurs ou leurs commanditaires prennent généralement une participation dans l entreprise cliente.

Les modèles africains d incubateur d entreprises

Le modèle d incubateur d'entreprises offre aux entreprises clientes certains des éléments clés qui font défaut dans de nombreux contextes africains. Un certain nombre d incubateurs sont présents sur le continent et ont des formes et des fonctions variées en fonctions des différents marchés sur lesquels ils s'engagent. Voici quelques exemples africains intéressants.

En 2008, Jorn Lyseggen du groupe Meltwater créé l'école Meltwater Entrepreneurial School of Technology (MEST) à Accra, au Ghana. MEST est une institution à but non lucratif dont l'objectif central est « la création d'emplois et de richesses au niveau local en Afrique par la formation de jeunes Africains qui ont vocation à être des entrepreneurs logiciels ». Le groupe vise à atteindre cet objectif en engageant un processus à trois volets : formation, incubation et mentorat. Malgré une volonté de servir toute l'Afrique, l'incubateur profite exclusivement aux entrepreneurs formés à MEST en raison de ressources limitées à l'heure actuelle. L'incubateur offre de 30.000 à 300.000 dollars comme sponsoring du chiffre d'affaires initial de l'entreprise parrainée, un espace de bureau, un réseau consultatif, un service de mentorat et une assistance pratique pour les affaires et l'accès aux marchés internationaux en collaboration avec d'autres incubateurs basés à San François et à Londres. Tout ceci est fourni en échange d'une participation minoritaire dans l'entreprise parrainée.

Les établissements universitaires jouent également un rôle important dans l incubation d'entreprises, travaillant souvent en partenariat avec d'autres secteurs. L Université Jomo Kenyatta quu Kenya, intègre un incubateur d'entreprises à travers son Centre d'innovation en affaires. Il s agit d un incubateur hybride car il est soutenu à la fois par le gouvernement et le secteur privé, et ses membres bénéficient d un seul financement à la fois. L'incubateur se concentre sur l'utilisation des technologies de l'information et des communications (TIC) pour le développement communautaire et le développement des PME.

De nombreux autres exemples d'institutions académiques à travers l'Afrique relient la recherche de pointe dans le processus de développement des PME à travers les incubateurs d entreprises.

Comme précédemment mentionné, le gouvernement joue un rôle dans l'incubation d'entreprises souvent grâce à des financements. Le gouvernement de l'Etat de Katsina au Nigeria est en train de créer un centre d'incubation technologique orienté vers les jeunes. En Afrique du Sud, une agence dédié, la Small Enterprise Development Agency relevant du ministère de l'Industrie et du Commerce offre des services de développement et de soutien aux PME. Elle a développé un réseau de partenaires à l'échelle nationale avec plus de 24 incubateurs afin d assurer la bonne exécution de sa stratégie d'incubation.

Unir les compétences et les forces pour transformer l écosystème africain

Les forums des chefs d'Etat et de gouvernement africains contribuent également de manière significative au processus d'incubation. En juillet 2013, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) ont récemment engagé 1 millions d euros dans le projet BIAWE, un incubateur d'entreprises visant à soutenir les femmes entrepreneurs africaines. Ce projet offre un soutien de la structure entrepreneuriale et Il fournit un fonds de garantie pour les femmes entrepreneurs en milieu rural en Afrique afin qu'elles puissent recevoir le soutien de banques et institutions financières dans la transformation des produits agricoles et le marché pour la vente de ces produits.

Les initiatives comme BIAWE démontrent la montée, à l'échelle africaine, de la reconnaissance de l'importance du modèle d'incubation d'entreprises. D'autres collectifs non gouvernementaux ont vu le jour à travers l'Afrique pour exploiter ce nouveau potentiel. Le réseau d incubateur africain (AIN) en est un exemple. L'AIN est basé au Nigeria et travaille actuellement en partenariat avec infoDev, un programme du Groupe de la Banque mondiale. AIN cherche à créer un « réseau de collaboration des incubateurs africains et d'autres fournisseurs de services de développement d affaires pour faciliter la mise à disposition de connaissances appropriées afin de soutenir le développement des petites entreprises innovantes ».AIN a déjà recueilli une liste impressionnante d  incubateurs AGRITECH et TIC opérant sur le continent. Le réseau crée également des plateformes d'échange entrepreneurial international, pour les startups souhaitant être mises en relation avec des investisseurs potentiels et il propose des bourses de mentorat.

En somme, la réflexion des porteurs d initiatives innovantes doit aller plus loin que simplement l identification d un marché cible et des domaines d applications de l innovation. Elle doit également intégrer l exploration de business models possibles pour valoriser leurs produits et services.

Ceci est d autant plus vrai que les scénarios économiques de l'Afrique ont tendance à poser de sérieux problèmes pour l'établissement et la croissance des PME. Les incubateurs d'entreprises offrent de répondre aux besoins des PME et de proposer ainsi un moyen viable pour relever ces défis. Ils fournissent des modèles adaptables qui peuvent être utilisés par les entreprises, les institutions académiques, et/ou gouvernementales. Les incubateurs sont encore en développement sur le continent et doivent encore exploités. Cependant, la connaissance de leur potentiel comme leurs interventions pour la croissance des PME ne cesse de croître. Les incubateurs d'entreprises joueront sans aucun doute un rôle essentiel dans la future réussite économique de l'Afrique.

Analyste sur Nextafrique.com.

Titulaire d'un master en sciences appliquées et d'un MBA, Séverine est consultante et exerce entre Paris, Abidjan et Dakar. Elle est passionnée par la culture et les innovations locales africaines.