La croissance du PIB devrait enregistrer une légère hausse à 4,3 % en 2013 contre une estimation de 3,7% pour l’année 2012. Ce sont les perspectives annoncées par Hervé Joly, qui dirigeait une mission du Fonds monétaire international (FMI) au Sénégal du 6 au 19 septembre 2012.

Contexte régional morose

Le pire aurait pu être craint pour le Sénégal en raison des tensions sociopolitiques dans les pays voisins du Mali et de la Guinée Bissau. Certains analystes, comme M. Thiam sur senecoplus.com ont réalisé le difficile exercice d’identification des impacts économiques de la crise malienne sur le Sénégal. Dans son analyse, M. Thiam a rappelé que le Mali est un partenaire commercial privilégié du Sénégal dans la sous région et qu’avec 15% des exportations, il représente le deuxième partenaire du Sénégal. « On constate une baisse importante des exportations vers la sous-région car le Mali est un lieu de transit important vers d’autres pays de la zone UEMOA. (…)Si la crise perdure, le Sénégal risque d’être confronté à une situation de crise alimentaire, de déficit de sa balance des paiements et de réduction de potentiels investissements étrangers », avertit-il.

Par ailleurs, dans un contexte où l’économie mondiale peine à maintenir une croissance positive, les prix des produits pétroliers restent élevés et ceux des céréales tendent à croître. « Le déficit du compte courant, bien qu’en baisse, resterait élevé en raison des importations liées aux investissements dans les secteurs de l’énergie et des mines. Le solde global de la balance des paiements ressortirait en léger déficit », relève M. Joly. Mais selon la déclaration de M. Joly, « en dépit de cet environnement international morose, la croissance du PIB devrait enregistrer une légère hausse à 4,3 % en 2013 ».

Ce qui soutient malgré tout la croissance au Sénégal

Un certain de nombre de facteurs favorables permet de maintenir la croissance du pays. M. Joly en a énoncé quatre dans sa déclaration :

  • Les nouvelles infrastructures. « Ce regain d’activité serait soutenu principalement par l’arrivée à maturité de grands projets dans les secteurs électriques et autoroutiers », note le rapport.
  • La poursuite du développement du secteur agricole. Par exemple, le développement de la filière melon résultant de programmes de développement agricoles menés conjointement par le gouvernement sénégalais et par des agences de coopération internationale.
  • Les nouveaux projets d’exploitation des ressources naturelles. « La mise en œuvre du projet des minéraux lourds de la Grande Côte (zircon) et des projets de mines d’or de Golouma et Massawa, ainsi que le démarrage des projets financés par le Millennium Challenge Account » participent à la reprise économique, selon le FMI.
  • La faible inflation. L’inflation au Sénégal s’est établie à 1,5 % sur les six premiers mois de 2012 et devrait rester bien en-deçà de 2 % dans les mois à venir. « L’inflation devrait rester modérée à environ 2% en 2013 », estime le FMI.

Des efforts à poursuivre

Si, pour le FMI, tous les critères d’évaluation quantitatifs et objectifs indicatifs du programme à fin juin 2012 ont été atteints, y compris la cible de déficit budgétaire grâce aux efforts de maîtrise des dépenses publiques, le gouvernement sénégalais doit toutefois poursuivre ses efforts en cours de réduction du train de vie de l’Etat et de rationalisation des dépenses publiques. Ce qui contribuera assurer la viabilité des finances publiques dans le but de réduire le déficit budgétaire à moins de 5 % du PIB en 2013. 

« Les discussions ont également porté sur les réformes structurelles visant à poursuivre l’amélioration de la gouvernance publique et à promouvoir le développement du secteur privé, et plus généralement sur les perspectives de croissance et de réduction de la pauvreté à moyen terme pour le Sénégal. Dans ce cadre, une attention particulière a été portée aux moyens de poursuivre le développement des services financiers et d’en améliorer l’accès, tout en préservant la stabilité du système financier », conclut M. Joly.

Amar Burris est spécialiste des activités de banque de détail et services d'assurance en Afrique de l'Ouest.