Qui n a jamais été confronté au casse-tête de trouver une entreprise africaine qui corresponde exactement à son besoin ou à ses recherches ? Faute de moyens structurés, c est le bouche à oreille qui domine encore en Afrique, qu'il s'agisse de trouver des clients, des partenaires ou bien de dénicher des fournisseurs.

Afin d exploiter au mieux et de faire fructifier la diversité des PME, TPE et entrepreneurs d Afrique, il est capital de faire connaître les entreprises du continent. L enjeu primordial est de fournir des informations fiables et structurées, de rassembler les professionnels, de les rendre accessibles et de miser sur la performance.

Un jeune entrepreneur africain s est penché sur le problème en créant un annuaire en ligne d entreprises africaines, Bumbou.com, qui s avère être une véritable plateforme d échanges entre entrepreneurs et particuliers.

L interface Bumbou.com est intuitive et très interactive. Elle offre la possibilité d entrer en contact avec les entreprises du site groupées par catégorie et par pays.

Le porteur du projet, Martin Diatta, est un jeune sénégalais de 31 ans, diplômé d'un Master 2 en « Global E-business » à l'Université de Lille en France. Il a accordé un entretien exclusif à Next-Afrique dans lequel il partage son expérience et ses conseils à tous les aspirants entrepreneurs de l Afrique qui pense, qui crée et qui innove.

Next-Afrique : Pouvez-vous nous décrire votre projet ?

Martin Diatta : Bumbou est un annuaire d'entreprises en ligne. Il a été créé pour les entreprises africaines et celles du monde s'intéressant aux échanges avec l'Afrique.

Sur www.bumbou.com, les membres inscrits peuvent contacter d'autres entreprises du site classées par catégorie et par pays. Les entreprises peuvent également être contactées via un formulaire relié directement à leur courriel.

Par rapport aux autres annuaires d'entreprises propres à chaque pays, bumbou.com est vraiment panafricain. En effet, il existe très peu de sites qui favorisent l'intégration économique africaine. Et quand ils existent, ils sont pour la plupart statiques. C'est pourquoi bumbou.com donne plus de visibilité aux entreprises africaines à la fois sur le continent et dans le monde. ( &)

Martin Diatta

« Mon conseil c'est qu'avant de se lancer, il faut suffisamment s'armer de trois choses essentielles : La volonté, la détermination et la patience ! Tant qu'on est sur des velléités de projets, vaut mieux ne pas commencer. »

Crédits Photo : Martin Diatta

Ce qui fait la force de Bumbou en plus de la simplicité, de l'aspect dynamique, et de son panafricanisme c'est qu'il est disponible en 4 langues : français, anglais, chinois, portugais et bientôt l'Espagnol. Les entreprises prennent vraiment en main la gestion de leur profil comme dans tous les grands sites dignes de ce nom. ( &)

Nous avons des partenariats avec des foires et expositions qui se déroulent sur le continent africain. Nous mettons un accent particulier sur la question des énergies renouvelables, notamment solaires parce que c'est une industrie qui doit être une priorité pour toute entreprise qui veut se développer en Afrique.

Comment en avez-vous eu l idée ?

L'idée m'est d'abord venue par le constat qu'Internet est certainement, avec la téléphonie mobile, la première technologie sur laquelle l'Afrique n'accuse pas beaucoup de retard. L'internet est arrivé en Afrique presque au même moment que dans le reste du monde grâce notamment aux cybercafés. Il y a donc toute une tranche de la population qui a adopté l'outil aussi bien à titre privé que professionnel. J'ai remarqué que de plus en plus d'entreprises africaines étaient présentes sur d'autres sites mondiaux de B2B et aussi sur les réseaux sociaux professionnels. Ce constat a été conforté par une étude récente de Internetworldstats.com selon laquelle, la pénétration d'Internet en Afrique est d'environ 15,6% 2012 ; sachant que la moyenne mondiale est de 34% . Je tiens à rappeler à titre historique que le taux de pénétration du téléphone fixe n'est actuellement que d'environ 7% en moyenne sur le continent.

La deuxième chose qui m'a poussé à me lancer avec bumbou.com c'est qu'il n'y a pas beaucoup d annuaire d'entreprises panafricains. La plupart sont propres à chaque pays et de surcroît statiques. Il fallait donc quelque chose de nouveau, dynamique, et fonctionnelle.

Bumbou est vraiment dans l'ère du Web 2.0 en donnant aux entreprises la possibilité de gérer leurs propres profils et d'y apporter elles mêmes des changements quand nécessaire.

Quel est votre parcours ?

Mon parcours : un baccalauréat scientifique obtenu au Sénégal, ensuite des études de comptabilité puis d'économie, gestion en France à l Université des sciences et technologies de Lille1, option « Global e-business » (GEB).

Après mon master, Bumbou.com était au centre de mes préoccupations. J'y ai donc consacré la grande partie de mon temps et de mes ressources financières. J'ai commencé la conception depuis ma chambre d'étudiant. Par la suite j'ai intégré une structure de mon Université qui s'appelle « Cré'innove ». C'est là que j'ai mûri le projet tout en faisant les démarches pour obtenir un financement. Je faisais aussi des petits boulots à côté ; en comptabilité, management de projet, webmaster, référencement Web et même télé-conseiller. Je donne aussi des cours parallèlement.

Comment avez-vous financé votre capital initial ? Quels fonds et quelles aides avez-vous obtenus pour pouvoir lancer votre business ?

Les premiers développements de bumbou.com ont été financés par mes propres fonds. Pour réduire les coûts, je travaillais avec une junior entreprise de Télécom Lille 1 « la 3E » avec un bon rapport qualité prix.

J'ai obtenu par la suite des aides locales et régionales ici dans le Nord de la France. Les organismes qui m'ont soutenu sont les suivants : « Ruches d'entreprises du Nord » m a permis de louer un bureau à moindre coût maintenant, avec un accompagnement régulier du Directeur de l établissement de Tourcoing Monsieur Fermine. Pour le business plan, le montage et le soutien financier, j'ai été soutenu par d'autres organismes tels que la Boutique de Gestion Espace (BGE), le CLAP, VNEI, Nord Actifs, l'Agefiph et Oseo. J'ai aussi contracté un emprunt bancaire. Ces organismes m'accompagnent encore dans le conseil et me donnent leurs avis sur ma stratégie de développement.

A l'heure actuelle, je souhaite avoir plus de soutien en provenance des institutions africaines pour promouvoir cet outil qui est avant tout au service des entreprises africaines.

Je mentionne aussi ma difficulté à entrer en contact et à nouer des partenariats avec les chambres de commerce de certains pays africains. Ma démarche est d'avoir des données officielles sur l état de l activité économique dans ces pays, de procéder à un échange de visibilité, ne serait ce, simplement avec un échange de liens.

Comment avez-vous convaincus les investisseurs de vous faire confiance ?

J'étais conscient que mon entreprise n'était pas classique. Entrepreneur du Web est quelque chose de relativement nouveau surtout à destination du continent africain ! Je manquais donc de chiffres sur le E-service en général. Au début quand je parlais du projet, on me disait « faîte une étude de marché où au moins 100 entreprises sont intéressées par votre projet ». Je n'ai pas procédé ainsi. J'ai mis en place une première version du site fonctionnelle en 2010 et j'ai communiqué avec les moyens du bord. Je suis allé voir les financeurs que quand j'ai eu 1000 inscriptions ! Cette démarche m'a permis aussi de me conforté sur l'idée et m'a encouragé pour la suite. Un autre argument c'est toutes ces études d'experts et de grands groupes financiers qui parlent de l'Afrique comme étant la prochaine terre d investissement et de croissance soutenue.

Quelles sont vos prochaines étapes d expansion ?

Les idées d expansion ne manquent pas, mais pour l'instant l'urgence c'est de passer à une vrai application parce qu'actuellement il n'y a qu'un thème mobile qui s'adapte en fonction du nombre de pouces. Ce qui est déjà bien. Nous faisons aussi les démarches pour intégrer un nouveau mode de paiement qui s'adaptera mieux aux systèmes de paiement en vogue dans pas mal de pays africains. Par exemple, la possibilité de payer sur Bumbou.com via le téléphone portable.

Un conseil pour les aspirants entrepreneurs ? Les choses à faire & Les pièges à éviter ?

Mon conseil c'est qu'avant de se lancer, il faut suffisamment s'armer de trois choses essentielles : La volonté, la détermination et la patience ! Tant qu'on est sur des velléités de projets, vaut mieux ne pas commencer. Il est aussi nécessaire de mettre sur papier son projet, en parler aux bonnes personnes car le regard extérieur aide souvent à évoluer (savoir prendre ou laisser un conseil). Quand aux erreurs, je dirais qu'on ne peut pas vraiment les éviter à 100%. Il faut même en faire pour mieux grandir. Compte tenu de la spécificité de chaque projet, il est difficile de gloser les pièges, cependant une des façons de les minimiser est de faire appel à un avis de professionnels et surtout de tenir une veille sur les nouveautés de son secteur.

Pour finir je conseille de croire suffisamment à son projet afin de le présenter à toutes les portes qui peuvent aider à le réaliser !

Je remercie toute l'équipe de nextafrique.com de m'avoir donné cet opportunité de m'exprimer et de présenter bumbou.com.

Analyste sur Nextafrique.com.

Ingénieur en chimie fine, Kader travaille à Londres comme chercheur au sein d'une société de cosmétique. Ces centres d'intérêts sont la technologie, le développement durable et les sciences en général