Avec un taux de croissance du PIB (Produit intérieur brut) de 3,8% pour 2011 visé par la loi de finances du prochain exercice budgétaire votée par les députés de l'Assemblée nationale la semaine dernière à Yaoundé, le Cameroun reste loin de l'objectif de 5,5% de la moyenne annuelle pour la période 2010-2020.

Cet objectif a été indiqué dans le Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE) adopté en 2009, que le gouvernement camerounais présente comme un cadre de référence pour son action au cours de la décennie 2010-2020, première étape de la "Vision 2035" fixant le cap de l'ambition de l'émergence à cette date symbolique de 2035.

Comme mesures édictées en marge de cette politique de développement durable, Yaoundé a annoncé une palette de projets destinés, pour l'essentiel, à accroître l'offre énergétique, à renforcer le réseau de transport routier, maritime, aérien et ferroviaire, à accélérer l'exploitation minière, afin d'améliorer les conditions de vie des populations par la création des emplois et des richesses.

Etablie à 2.571 milliards de francs CFA (environ 5,142 milliards USD), soit un milliard de moins que celle de 2010, la loi de finances 2011 s'aligne sur cette programmation. Face aux députés le 15 novembre lors de la présentation du nouveau Programme économique, financier, social et culturel de son cabinet, le Premier ministre Philemon Yang a souligné encore une fois la construction de routes neuves, la réhabilitation et l'entretien des routes.

"Les résultats visés à terme consisteront au bitumage de 200 kilomètres de routes principales et de 150 kilomètres de routes rurales ", a promis le chef du gouvernement.

"En attendant les transformations structurelles relatives au secteur de l'énergie, le gouvernement a entrepris de mettre en Suvre un Programme thermique d'urgence, d'une capacité de 100 mégawatts et d'un coût d'environ 60 milliards de FCFA (environ 120 millions USD), afin d'atténuer les effets de l'étiage en 2011 et 2012. Des mini-centrales seront installées à cet effet dans les villes de Mbalmayo, Ebolowa, Bamenda et Yaoundé ", a par ailleurs relevé le Premier ministre.

Des infrastructures de même nature sont envisagées sur des sites présentant un potentiel à l'exportation d'énergie à l'échelle sous-régionale (Tchad, République centrafricaine) et régionale (Nigeria) : Chollet (400 MW), Grand Eweng (386 MW), Petit Eweng (230 MW), Noun-Wouri (1200 MW), Mandourou (67 MW), Mbinjal (66 MW), Lancrenon (34 MW), Vogzom (33 MW), Munaya (200 MW), Kpaf (300 MW) et Mentchum (15-35 MW).

Aucun de ces chantiers n'a démarré, alors que le pays souffre d'un énorme déficit dans le domaine, en dépit d'un potentiel hydroélectrique de 12.000 MW par an, soit plus de 10 fois le potentiel exploité.

Moins de 40% de la population ont accès à l'électricité, un taux situé à 10% en zones rurales. Sur 17.104 localités, seules environ 3.000 sont électrifiées. Le DSCE a pourtant proposé de porter les capacités de production à 3.000 MW à l'horizon 2020.

S'agissant de l'approvisionnement en eau potable, le Premier ministre a annoncé la deuxième phase des travaux de construction de l'usine de Yatto (construite avec le concours de la coopération chinoise) chargée de porter la production actuelle de 170.000 mètres cubes à plus de 260.000 mètres cubes par jour dans la ville de Douala, la métropole économique camerounaise.

"En outre, il est prévu le renforcement des réseaux d'approvisionnement en eau potable dans 19 villes pour un montant d'environ 31 milliards de FCFA (près de 62 millions USD)", a-t-il dit. En attendant, y compris à Yaoundé, la capitale, les habitants continuent de subir des coupures récurrentes d'eau et nombre de quartiers d'être en marge du réseau de distribution de la Camerounaise des eaux (CDE), ayant pris le relais de la Société nationale des eaux du Cameroun (SNEC), privatisée.

Entre 2008 et 2009, la croissance du PIB réel camerounais a connu un ralentissement, passant d'un taux de 2,9% à 1,9%, soit des taux inférieurs à la moyenne de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC, qui comprend 5 autres pays, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad).

Dans le cadre du DSCE, le gouvernement a projeté de ramener le sous-emploi de 75,8% à moins de 50% en 2020, et le taux de pauvreté monétaire de 39,9% à 28,7%. Mais, comme avec les autres chantiers, l'exploitation minière à l'échelle industrielle pour soutenir la croissance économique, en dehors du pétrole, premier produit d'exportation, ne connaît pas d'avancées significatives.