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Les services de notations de Standard & Poor's estiment que l'impact probable du conflit au Mali sur les notes souveraines des pays de la région sera limité, à condition que la situation ne dégénère pas ou que le conflit ne se prolonge pas, selon un rapport de l'agence intitulé 'Le conflit au Mali a des conséquences limitées pour la cote de crédits des souverains voisins à moins que le combat se prolonge', publié le 31 janvier dernier.

Un impact régional contenu

La récente prise d otage en Algérie montre que les pays voisins peuvent être impactés plus ou moins lourdement par le conflit malien.

Plus généralement, comme il est extrêmement difficile de contrôler les vastes étendues arides du nord du Mali et ses frontières poreuses, il se peut qu'à moyen terme, la menace terroriste islamiste ne soit pas éradiquée dans cette zone mais simplement contenue, ce qui signifie que la région pourrait continuer à servir de refuge et de site d'entraînement pour les terroristes préparant des attaques dans d'autres pays d'Afrique du Nord.

En Afrique de l Ouest et du Nord, Standard & Poor s évalue 7 pays à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Maroc, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie.

Selon l agence, « L impact du conflit malien sur ces pays est limité, à notre avis, en raison de l'isolement géographique du Mali, ses échanges commerciaux et ses flux d'investissement limités avec ses voisins, ainsi que du nombre apparemment faible de rebelles ».

Isolement géographique. D un point de vue géographique, le conflit est actuellement concentrée dans la partie Nord du Mali, relativement éloignée des pays frontaliers du Sud notés par Standard & Poor s (Sénégal et Burkina Faso). Le Mali, pays enclavé, dépend de la réexportation de marchandises en provenance de pays côtiers voisins. Il constitue toutefois la principale destination des exportations du Sénégal (15 % de leur total en 2011). Mais puisque la plupart de ces exportations sont des réexportations, l'impact négatif d'une chute de la demande malienne sur la balance commerciale du Sénégal serait nettement inférieur en valeur nette que ce que l on pourrait penser à la vue des statistiques d exportations sénégalaises. La part du Mali dans les échanges commerciaux avec les autres pays notés de la région comme le Burkina Faso, le Bénin, le Ghana et le Nigeria est encore moins importante.

Echanges commerciaux et flux d investissements limités. Les flux d'investissements directs étrangers (IDE) et les portefeuilles d investissements entre le Mali et ses voisins sont très faibles par rapport aux investissements en provenance de l'extérieur de la région en raison du sous-développement des marchés financiers locaux, des barrières commerciales aux niveaux des taxes et des droits de douane et du manque d'infrastructures notamment. La rôle limité du Mali en tant que partenaire commercial régional suggère également que le conflit aura un impact négligeable sur l'inflation dans la région. L'or et le coton ont représenté quasiment 90% des exportations du Mali en 2012 et sont en grande majorité vendus hors de la région.

Un nombre de rebelles apparemment faible. Le nombre de combattants rebelles est estimé à 4.000 hommes. Il en faudrait vraisemblablement beaucoup plus pour que leur puissance militaire leur permette d ouvrir des fronts dans les pays voisins.

Des risques politiques importants, bien que limités

Parmi les principaux risques qui pourraient influer sur les notes souveraines en Afrique de l'Ouest et du Nord, l agence revient sur la stabilité politique, les positions extérieure et budgétaire, et la stabilité monétaire. « Si ces risques se concrétisent, la notation souveraine de crédit des pays de la région serait susceptible d'être affectée », prévient S&P.

Les risques politiques sont les plus importants au Nigeria notamment, car en plus d être leader de l intervention militaire de la CEDEAO au Mali, le pays fait déjà face à des problèmes sécuritaires internes liés au groupe terroriste islamique Boko Haram, dont certains militants auraient suivi un entraînement au Mali. La crainte exprimée dans le rapport est que le groupe ne s enflamme davantage en raison du soutien de la France auprès des forces nigérianes. Ces risques politiques restent limités car les revendications de Boko Haram sont de nature domestique et ont principalement trait à la distribution des ressources de l'État.

Au Maroc également la probabilité de propagation du conflit malien est importante car le royaume soutient explicitement l'intervention française et a apporté son assistance matérielle en autorisant la France à utiliser son espace aérien et a été sujet, ces dernières années, à des atrocités peu fréquentes mais néanmoins sanglantes commises par le terrorisme islamiste, estime S&P.

Les pays limitrophes au Sud du Mali sont moins sujets à une propagation du conflit à l intérieur de leurs frontières mais si ce scénario se produit au Sénégal ou au Burkina Faso, qui sont notés par l agence, les risques politiques et économiques pourraient également augmenter pour ces deux souverains.

Au Burkina Faso, S&P identifie comme principal risque, une possible attaque des mines d'or Burkinabès qui sont proches de ses frontières avec le Mali et qui représentent près des trois quarts de ses exportations. Le pays est impliqué dans le conflit malien à la fois à travers son rôle de base aérienne pour les frappes françaises et l envoi de troupes à la mission CEDEAO au Mali. Dans un tel scénario ou dans le cas d un sentiment de crainte d une attaque potentielle, le Burkina pourrait subir des pertes économiques importantes en dépensant davantage pour la sécurité des mines que pour la poursuite des investissements.

Si le conflit dure plus longtemps que prévu, un gouvernement fort ne pourra être établi au Mali à moyen terme et les risques d insolvabilité dans la région seraient appelés à augmenter. Dans un tel scénario, il faudrait craindre notamment un recul des flux d IDE dans la région en provenance d Europe, de Chine ou du Moyen-Orient.

Analyste sur Nextafrique.com.

L. Trame a travaillé au sein de plusieurs banques d'investissements de la place de Paris. Ses centres d'intérêts sont l'économie, la finance de marché et les nouvelles technologies.