Hausses du chômage, crise de la dette, croissances quasi-nulles voire récession : les pays dits « développés » ne constituent plus vraiment un eldorado pour les Africains qualifiés qui y résident.

Dans le même temps, l'Afrique bénéficie d une couverture médiatique de plus en plus favorable grâce à sa forte croissance économique, son profil démographique favorable et sa réserve d opportunités de développement encore inexploitées. L'enthousiasme pour l'Afrique est tel que certains ont établi des comparaisons entre les opportunités actuelles de croissance en Afrique et les stades initiaux de la croissance économique de la Chine.

Inversion de tendance

Par conséquent, une nouvelle tendance est apparue : celle de la diaspora africaine qui retourne chez elle pour embrasser les nouvelles opportunités qui lui sont offertes.

Pour accompagner et promouvoir ce changement, de nombreuses initiatives visant à retenir et attirer les talents en Afrique voient le jour.

Un exemple parmi d autres est le réseau Digital Diaspora Network Africa, une plateforme en ligne et un réseau d'Africains à l'étranger intéressés et engagés pour contribuer au développement de l'Afrique.

Les organisations internationales telles que la Banque mondiale ont également lancé leurs propres programmes visant à capitaliser sur les professionnels africains de l'étranger. Le « Programme Diaspora Africaine » (ADP) de la Banque mondiale a initié une base de données des compétences professionnelles de la diaspora africaine à l intention des gouvernements africains et des organismes de développement internationaux.

L outil permet d enregistrer les divers talents, compétences et expériences des professionnels de toute la diaspora africaine mondiale, « de sorte qu'ils puissent être utilisés pour promouvoir le programme de développement de l'Afrique ».

Courtisés par les multinationales en Afrique

Patrice Motsepe, entrepreneur milliardaire sud-africain, a récemment déclaré qu  « il existe une nouvelle génération d'Africains qui ont étudié dans des endroits différents, comme la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, et qui sont revenus sur le continent avec une richesse d'expérience et de connaissances ».

Heureusement pour les Africains formés à l'étranger, leurs opportunités sont favorables comparées à celles de ceux qui ont étudié sur le continent.

En effet, l Afrique souffre d une pénurie de compétences et la demande de talents est élevée. Les multinationales sont entrées sur les marchés africains à un rythme croissant, et beaucoup ont mentionné le manque de compétences comme l une des principales difficultés qu'ils rencontrent.

Malgré les talents locaux, le besoin de personnel ayant une expertise persiste dans la mesure où elle est difficile à trouver dans le contexte local.

La pénurie de compétences en Afrique, en particulier dans le management et les industries qui exigent des compétences spécialisées, les analystes estiment qu  « il y aura une augmentation de 75% de l'utilisation du personnel expatrié au cours des trois prochaines années, et l'utilisation stratégique de ces ressources sera un facteur critique de succès pour aider à établir et développer l'activité à travers l'Afrique ».

Capitaliser sur la diaspora africaine fait partie des principaux défis de gestion des ressources humaines des grandes entreprises en Afrique et, pour les multinationales, l avantage des Africains qualifiés de la diaspora est qu ils possèdent à la fois des compétences précieuses, un savoir-faire culturel et la connaissance des pays africains dans lesquels elles opèrent.

Selon l'UNESCO, plus de 300.000 Africains hautement qualifiés sont actuellement hors du continent, dont 30.000 en possession d un doctorat.

De plus en plus d entreprises optent pour mixer talents locaux et diaspora africaine ; ce qui permet un transfert de compétences entre le personnel local et le personnel expatrié.

Serial entrepreneurs ?

Pour certains professionnels africains qui ont été formés et ont travaillé à l'étranger, l'Afrique est devenue une arène pour l entreprenariat. La technologie, notamment, est un domaine dans lequel de nombreux Africains de retour sur le continent se sont impliqués puisqu il s'agit d'un secteur vaste comportant de nombreuses possibilités.

« L investissement technologique domestique va commencer à décoller du fait que l élite africaine mobilise plus de capital et que des entrepreneurs de première génération à succès réalisent la valeur stratégique de l'investissement dans les technologies en Afrique comparé à d'autres domaines », note Mbwanah Alliy, fondateur et associé gérant chez Savanah Fund.

Bien sûr d'autres secteurs sont également prisés par les jeunes entrepreneurs africains.

Fort de la nouvelle tendance afro-optimiste, BBC News a lancé une série intitulée « African Dreams » qui présente des histoires d'Africains qui ont du succès dans leurs aventures entrepreneuriales. De même, le magazine Forbes a également intégré un concept similaire, le blog « The African Chronicles » de Mfonobong Nsehe qui suit et met en lumière les success-stories et les entrepreneurs africains. Enfin, la série « African Voices » de CNN met également l accent sur la diaspora africaine.

Un futur prometteur

L'Afrique connaît un virage pour le mieux, surtout en ce qui concerne son image relayée dans les médias internationaux et les prévisions économiques.

Comme les tortues de mer de la Chine, les Africains vivant à l'étranger sont de retour sur le continent en grand nombre, amenant avec eux les compétences et les connaissances acquises à l'étranger.

En outre, des organisations telles que la Banque mondiale tirent parti des professionnels africains à l'étranger pour leurs programmes de développement en Afrique.

Pourtant, les défis restent importants. Plusieurs jeunes Africains présents à l'assemblée annuelle de la Banque africaine de développement de 2011 ont ainsi déclaré au magazine Time qu ils « restent découragés par ce qu'ils auraient à gérer en revenant en Afrique » en citant notamment « le manque de capital financier, d infrastructures de base et de commodités pour la classe moyenne ».

Néanmoins, les Africains ont toujours fait preuve de résilience. En combinant l'expertise de la diaspora et les talents locaux, il est certain que l'avenir de l'Afrique est prometteur.

Analyste sur Nextafrique.com.

Psychologue du travail, Elodie travaille à Lyon au sein d'un cabinet de recrutement international. Elle est spécialiste des relations et de l'épanouissement professionnels et est passionnée par les voyages.