Environ un an et demi après la révolution, la Tunisie ne cesse d'exprimer sa conscience de ce qui l'attend à la lumière des difficultés socio-économiques (chômage, développement régional, sécurité). Les atouts et les opportunités d'investissement en Tunisie dépendront étroitement de la capacité de ce pays à affronter ces enjeux.

Actuellement, les différents opérateurs économiques tunisiens essayent de mettre en avant les opportunités jusqu'ici timidement approchés par les investisseurs à travers la présentation d'un état des lieux rassurant et permettant d'officialiser le retour de la Tunisie sur les "short lists" des investisseurs potentiels.

Parmi les dernières tentatives en date de promouvoir la destination économique tunisienne et de regagner la confiance des investisseurs étrangers figure le Forum de la Tunisie sur l' investissement organisé par l'Agence tunisienne de promotion de l'investissement extérieur (FIPA) regroupant 1 581 inscrits venus de 35 pays.

Les défis de la "Nouvelle Tunisie" ont été dictés par l'étape postrévolutionnaire qu'a vécu le pays depuis le 14 janvier 2011 à savoir "la construction de tous les schémas économique, politique et social qui a engagé le pays dans une phase de gestation où ces schémas sont en train de se mettre en place", a déclaré le directeur général de la FIPA, M. Noureddine Zekri, dans une interview accordée à l'Agence de presse Xinhua.

"Pour identifier les défis actuels de la Tunisie, a-t-il ajouté, il faut bien saisir les raisons de la révolution à commencer du fléau du chômage des diplômés qui n'ont pas été absorbés par l' économie tunisienne".

Outre le chômage des diplômés, les régions intérieures de la Tunisie avaient également compté des "réservoirs de main d'oeuvre de base" que le taux de croissance et le niveau d'investissement enregistrés en Tunisie n'ont pas permis d'offrir des chances d' emploi à ces catégories, selon M. Zekri.

"Ainsi, a-t-il poursuivi, la création d'emploi et d'activité à haute valeur ajoutée aux diplômés et aux chômeurs des régions intérieures et des grandes villes sont demeure la principale priorité". Une fois cette priorité satisfaite, "l'investisseur étranger bénéficiera de tout le soutien et des mécanismes réglementaires et d'une batterie d'encouragement".

Selon le responsable tunisien, la réussite de l'investisseur étranger en "Tunisie nouvelle", sera tributaire du degré de contribution de ce dernier dans le développement régional et son intérêt porté aux secteurs créateurs d'emploi et à forte valeur ajoutée tout en préservant ces propres intérêts.

Un deuxième défi a été évoqué par le directeur général de la FIPA à savoir le déséquilibre du développement entre les régions de l'intérieur et les régions côtières de la Tunisie. Actuellement, les efforts s'orientent vers le renforcement de l'investissement dans l'intérieur du pays.

Tout investissement à 100% étranger ou en partenariat avec les Tunisiens et qui ciblera des régions intérieures (fortes de leurs potentialités naturelles, économiques et humaines), "aura certainement le maximum d'encouragement et d'avantages", a rassuré M. Zekri.

Une fois déterminé à investir dans l'une des régions internes de la Tunisie, a estimé M. Zekri, l'investisseur étranger aura des avantages fiscaux, et des préférences liées notamment à l' accompagnement de l'Etat pour faciliter l'implantation et la création de projet et fournir la main d'oeuvre indispensable pour ces projets-là ayant la qualification requise (l'Etat peut garantir une formation de la main d'oeuvre de base ou des diplômés en adéquation avec les dispositions de l'investissement).

Le soutien de l'Etat tunisien concernera également tout investissement étranger qui "optera à acquérir de la technologie ou bien qui misera sur le partenariat avec l'entreprise tunisienne ", a encore indiqué le directeur général de la FIPA.

"La nouvelle Tunisie" offre, selon M. Zekri, une multitude d' atouts apparus suite à la révolution malgré les difficultés marquant l'année 2011 (perturbation sécuritaire, recul des principaux vecteurs de croissance économique).

Le responsable tunisien voit que les principaux atouts de la Tunisie sont désormais la transparence, la bonne gouvernance et l' engagement dans la lutte contre la corruption, outre une ferme volonté d'atteindre les standards internationaux en matière de protection et de garantie d'investissements internationaux, essentiellement ceux qui cibleront les régions intérieures.

Ces valeurs (transparence, lutte contre la corruption et la bonne gouvernance) vont certainement rassurer les investisseurs étrangers et atténuer le manque de transparence des années précédentes "qui avait coûté à la Tunisie 2 points de croissance pendant 20 ans".

Le manque de transparence a également engendré le manque de création d'emplois puisque, selon les experts, un manque de 2 points de croissance est synonyme d'une perte annuelle de 30 mille emplois sur une période de 20 ans, toujours selon M. Zekri.

Un deuxième atout se présente actuellement sur la scène économique tunisienne en l'occurrence l'identification des potentialités des régions et la présentation des leurs atouts à la communauté des investissements.

Dans un esprit optimiste, M. Zekri a passé en revue les efforts déployés par le gouvernement tunisien pour améliorer l' attractivité des régions tunisiennes concernant en premier lieu l' infrastructure (routes, autoroutes, zones logistiques, désenclavement des régions..) outre l'amélioration de la qualité des ressources humaines fortement demandée par les investisseurs étrangers.

Dans le but de mieux rassurer les investisseurs étrangers, le code d'incitation aux investissements verra une série de réformes et amendements basés sur le renforcement de la valeur ajoutée et l' harmonie à la fois aux priorités de la Tunisie (emploi, développement régional..) et aux attentes des investisseurs ( transparence, égalités des chances, avantages fiscaux..).

Malgré certaines perturbations locales liées à des revendications purement sociales de certaines catégories défavorisées, le paysage économique tunisien ne cesse d'émettre des messages rassurants aux investisseurs étrangers appelés à redonner leur confiance en ce pays qui compte pas moins de 3 200 entreprises étrangères dans des secteurs-clé comme les industries électriques, électroniques, mécaniques et pharmaceutiques, les composantes automobiles et aéronautiques, le textile haute gamme, l'offshoring, les technologies d'information et de communication ainsi que des secteurs naissants à forts potentiels (énergies renouvelables, environnement).