Moins chers, faciles à entretenir et à réparer, les produits découlant des technologies alternatives qui s adaptent aux besoins des populations rurales, parent au mimétisme du transfert de technologie en Afrique.

En Guinée, depuis novembre 1998, la FAO vulgarise de petits fours solaires. Tout le monde peut les fabriquer. Il suffit d avoir un gros carton d emballage, du papier alluminium ou tout autre matériel réflecteur, de la colle ou du ruban adhésif ,et suivre la technique de fabrication. La température à l intérieur des fours se situe entre 95 et 135 degrés. Ils côutent entre 5000 et 7000FG, soit 2500 à 3500F CFA . Ces fours peuvent fonctionner sept mois par an, à condition qu ils ne soient pas mouillés.

Au Togo, depuis 1995, un jeune homme de 26 ans, Kankoé Gagnon Amévor, ancien élève d un centre de formation agro-pastorale, s est inspiré des méthodes traditionnelles de semis pour fabriquer un semoir composé d une canne réglable selon la taille de l utilisateur , d un réservoir relié à une semelle qui sert d appui au sol. Deux tiges métalliques placées sur la semelle permettant de réaliser les écartements entre les cultures et les trous de semis. Malgré ses 2,5 kg, il permet aux paysans de gagner du temps(ensemencement d un hectare en 3 jours), et libère la quantité exacte de grains désirés..

Pour combattre le choléra et autres maladies causées par l eau de rivière, une ONG , Crepa-Togo ,a mis au point une technique dite de « désinfection de l eau par exposition aux rayons solaires ». Il faut tout simplement une bouteille vide d eau minérale ou de n importe quelle boisson gazeuse en plastique. Sur la moitié de sa surface, dans le sens de la longueur, on passe une peinture à l huile noire. Cette couleur a la propriété d absorber les rayons du soleil. La bouteille remplie d eau est exposée au soleil pendant 3 à 4 heures. A une température de 60 à 70 degrés, beaucoup de microbes contenus dans l eau sont tués. On filtre l eau à l aide d un tissu en nylon.

Au Bénin, depuis 1994, des femmes fabriquent la tuile avec de l argile locale mélangée à de la cendre et à de la « chamotte »(débris de poterie). L argile pressée dans un moule en bois et la tuile est cuite au four.

Au Rwanda, un chercheur , Jean-Baptiste Katabarwa, du Centre d excellence sur la brique artisanale d argile cuite (Université de Sherbrooke au Canada) a mis au point des briques d argile cuite pouvant « construire une maison de trois étages sans avoir recours à une structure de béton armée » L utilisation de ces briques permet de réduire de 40% les côuts de constuction.

Cette forme de technologies vulgarisée ça et là sur le continent, dite technologie alternative, douce, intermédiaire, progressive, de remplacement sur mesure, signifie, selon le Centre International de Recherches sur l Environnement(CIRED) : "un grand ensemble de techniques qui s opposent au modèle technique dominant".

L initiative de cette technologie a vu le jour dans les années 80 . Le PNUD, l UNICEF,l OMS, le BIT et des ONG comme ENDA, OXFAM-Québec , etc ont constaté que les matériels agricoles , de pêche et de fabrication de produits artisanaux coûtent chers. Il faut une forme adaptée aux besoins des populations du monde rural.

Dans une note d information sur l étude des technologies appropriées pour l amélioration de la situation de la femme, l ONG Femme affirme : "Entre le monde rural et de nombreux organismes de planification, il y a une disjonction dans la perception des besoins : les mirages de la modernité basés sur un modèle urbain , propre à l idéologie des planificateurs et des techniciens, le mot d ordre de l industrialisation et les promesses d aide miraculeuses faites aux ruraux ne font souvent que cacher un manque de connaissance de la situation matérielle et des besoins réels de la masse de la population rurale.

"Ces besoins, ne pourraient ils pas être, au moins en partie, satisfaits par des réalisations plus modestes et plus à la portée des communautés rurales, dans la mesure où ces réalisations s appuieraient sur la participation active des populations ?" .

Une vingtaine d années après le débat est relancé sur cette technologie qui ne fait pas avancer l Afrique, mais lui fait traîner les pieds dans une forme de mimétisme de transfert de technologie.