Le gouvernement brésilien de Dilma Rousseff prend des mesures fermes vers des relations plus fortes avec l Afrique, telles que la création d un fonds spécial pour financer des projets de développement ensemble avec des organismes multilatéraux de crédit comme la Banque mondiale.

Le géant d'Amérique du sud tient à établir une association stratégique avec l'Afrique, et l'outil pour faire cela est sa puissante banque nationale de développement, la Banque nationale pour le développement économique et social (BNDES), qui travaillera conjointement avec la multilatérale Banque africaine de développement (BAD).

"Il y a un manque de 40 milliards de dollars dans le financement d une série de 50 projets, ce qui signifie que la Banque africaine de développement devra augmenter son capital et ses activités", a déclaré le président de la BNDES, Luciano Coutinho. Il a ajouté que non seulement les organismes publics doivent être impliqués dans cette coopération, mais aussi des banques privées dans les marchés de capitaux.

Cette alliance a été annoncée lors d'un séminaire le 3 avril sur "Investir en Afrique: opportunités, défis et instruments de coopération économique", organisé par la BNDES à Rio de Janeiro, qui a attiré des délégués d institutions de développement, des chefs d'entreprises et des personnalités comme l'ancien président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2011).

André Esteves, le président de la banque privée brésilienne 'BTG Pactual', a aussi annoncé le lancement d'un fonds capital-risque d'un milliard de dollars pour l'investissement en Afrique.

"Ce sera la plus grande contribution du secteur privé pour les investissements dans ce continent, et une démonstration de l'affinité de la communauté (brésilienne) des entreprises avec la stratégie du gouvernement", a-t-il dit.

Makhtar Diop, le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique, a énuméré certains des défis énormes en Afrique: l'intégration du continent en termes de transport, les ports, les chemins de fer et les télécommunications; la gestion des ressources naturelles comme l'eau; le développement énergétique; et la lutte pour la sécurité alimentaire.

Pour renforcer la compétitivité du continent sur le marché mondial et combler le déficit d'infrastructures, l'Afrique a besoin d'au moins 68 milliards de dollars d'investissements jusqu'en 2020, selon le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA).

La Banque mondiale appuie en particulier le PIDA, une initiative conjointe de la Commission de l Union africaine, du Nouveau partenariat pour le développement de l Afrique (NEPAD), et de la BAD.

"Nous travaillons ensemble pour développer le programme, qui est une ouverture pour les pays les plus pauvres", a souligné Diop.

Le directeur de l AfDB, Alex Rugamba, a expliqué à IPS que "le PIDA couvre les secteurs des transports, de l'énergie, des ressources en eau et des technologies de l'information et de la communication (TIC)".

"Il a été conçu pour une période de 30 ans, parce que sans infrastructures, nous ne pourrons pas atteindre l'objectif d une croissance économique de six pour cent pour le continent", a-t-il ajouté.

Rugamba a déclaré que le programme doit être une priorité, afin de maintenir une croissance constante au cours des prochaines décennies. Jusqu à 40 milliards de dollars en investissements seront nécessaires dans le seul secteur énergétique, a-t-il souligné.

Les exportations du Brésil vers l'Afrique sont passées de 2,4 milliards de dollars en 2002 à 12,2 milliards de dollars en 2011, tandis que le total des échanges - exportations et importations - est passé de 4,3 milliards de dollars à 27,6 milliards de dollars durant la même période.

Diop et Rugamba ont tous deux affirmé que le Brésil jouerait un rôle important dans l accroissement des investissements dans les infrastructures en Afrique.

"Le Brésil possède une expérience dans le processus d exploitation des ressources en eau", a déclaré Diop. "Il a été un pionnier dans l'énergie propre à partir de cette source, avec de grands barrages déjà en service et en construction, et il a un excellent palmarès dans l'exploitation minière et la production de pétrole".

L'Afrique est un nouveau marché, a dit Maria das Graças Foster, la directrice générale du géant pétrolier brésilien 'Petrobras', qui a noté que l'entreprise est active en Angola, Namibie, Libye et au Nigeria.

Elle a souligné que "d importantes réserves pétrolières ont été découvertes au Ghana et en Ouganda, tandis que la production s'élève aujourd hui à 58.000 barils par jour au Nigeria, et à 2.000 barils en Angola".

Murilo Ferreira, le directeur général de la société minière brésilienne, Vale, a souligné que la société a 7,7 milliards de dollars en investissements dans neuf pays africains, dans les mines de cuivre, de charbon, de fer et de nickel.

Ferreira a également déclaré que 900 kilomètres de chemins de fer et un port en eau profonde sont en cours de construction au Mozambique.

"C'est une vision à long terme, et nous voulons parvenir à des moyens écologiquement durables et socialement responsables de faire les choses", a-t-il indiqué.

"Nous devons intensifier le dialogue avec la société locale, parce que nous ne voulons pas nous faire passer pour des impérialistes", a-t-il ajouté. "Nous sommes prêts à répondre aux exigences de chaque population (dans les pays) où nous sommes actifs, parce que nous ne sommes pas parfaits, et parfois nous faisons des erreurs. Il est nécessaire d'être assez humble pour admettre ses erreurs".