Le "repassage des seins" affecte 12% des jeunes filles au Cameroun Crédit image: Flickr/7 Nation Army

Nonobstant le plaidoyer et les campagnes de sensibilisation des organisations de la société civile, le phénomène du « repassage des seins » existe toujours un peu partout au Cameroun.

Cette pratique consiste « en l’utilisation d’objets chauffés ou non pour masser les seins des jeunes filles pour les empêcher de croître ou pour simplement les faire disparaître », explique l’anthropologue médical Flavien Ndonko, par ailleurs consultant indépendant régulièrement sollicité par des organismes comme la Coopération allemande (GIZ). D’après une étude menée en 2013 par l’Institut pour la Recherche, le Développement Socioéconomique et la Communication (IRESCO) pour le compte de la GIZ en 2013, le phénomène toucherait encore près de 12% de jeunes filles et femmes au Cameroun.

D’après cette étude, les 11-14 ans (38 % environ des victimes) apparaissent comme les plus touchées par cette opération qui est le plus souvent effectuée par des femmes. Catherine, une jeune femme originaire de Yaoundé, âgée d’une vingtaine d’années, a raconté à SciDev.Net comment chaque matin, sa mère appliquait une pierre à écraser préalablement chauffée sur ses seins alors qu’elle n’avait pas encore 10 ans. Rahimatou, originaire de Foumban dans l’ouest du Cameroun, garde pour sa part le souvenir des « douloureuses » séances de massage des seins de sa cousine Rachida. « Ma cousine avait des seins dès l’âge de 7 ans. Régulièrement dans la chambre, ma tante la massait soit avec une pierre à écraser préalablement chauffée, soit à l’aide d’une spatule trempée dans de l’eau chaude et salée », se souvient-elle.

Ce phénomène de modelage des seins, d’après l’étude de l’IRESCO, concerne toutes les régions du Cameroun : les zones rurales comme les centres urbains. La principale explication des parents qui recourent à cette pratique est « le souci des mamans de préserver leurs filles de la convoitise des hommes » afin de les mettre à l’abri des grossesses précoces. « Une mauvaise solution à un vrai problème », juge Cathy Fouda, chargée de la communication du Réseau National des Tantines (RENATA), une association qui encadre les filles-mères.

Cette association est à l’avant-garde de la lutte contre ce phénomène de « repassage des seins » au Cameroun. « J’ai moi-même subi le repassage des seins, mais cela ne m’a pas empêchée d’avoir précocement un enfant », fait remarquer Cathy Fouda. Dans certaines régions du Cameroun, le repassage de seins est une mesure de prévention contre les mariages précoces.

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Author: Scidev

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