Malgré l'absence de systèmes appropriés pour les paiements électronique, et les coûts d'expédition onéreux qui continuent de ralentir le secteur du commerce électronique en Afrique,  gagner de l'argent sur Internet devient de plus en plus une réalité pour de nombreux entrepreneurs africains.

La revue sud-africaine African Business fait le point sur quatre entreprises africaines axées sur le e-commerce :

  • deux d'entre elles vendent des produits locaux à l'étranger via internet,  l'une basée au Ghana et l'autre en Afrique du Sud,
  • la troisième site basé à Londres vend des produits artisanaux en provenance du Rwanda,
  • la quatrième société, camrounaise, vend des services SMS via le Web mobile.

eShop Africa

eShopAfrica.com, www.eshopafrica.com, est l'une des plus anciennes entreprises de commerce électronique en Afrique sub-saharienne. Il s'agit d'un marché en ligne de commerce équitable pour les arts et métiers traditionnels en provenance du Ghana, de l'Éthiopie, du Zimbabwe et du Mali. Le site à été mis en ligne en 2001. L'entreprise a grandi au travers de commerces durables, tout en conservant la dynamique de la chaîne d'approvisionnement traditionnelle. Ainsi, par exemple, un client peut avoir à subir une certaine attente avant que ses marchandises ne soient produites par l'artisan.

Selon Kawther El Obeid, PDG d'eShopAfrica.com général, Internet donne accès au marché international, ses principaux clients sont aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. L'entreprise doit tout de même rester proche de l'artisanat, afin d'organiser les demandes spéciales de conception de ses clients et soutenir les efforts créatifs.

En contrepartie cependant, elle a relevé : "Nos trois plus grands défis sont le traitement des cartes de crédits, le coût d'expédition en Afrique et le marketing. Tous ces problèmes ont des racines économiques."

"Les entreprises en Afrique (peut être à l'exception de l'Afrique du Sud) ne peuvent pas actuellement utiliser les services de traitement des cartes bancaires. Nous sommes forcés de recourir à des tiers qui ajoutent des frais et ralentissent le temps de traitement des transactions."

"Les habitants des économies occidentales sont habitués à des frais de livraison peu coûteux, voire gratuits. Mais, les transporteurs n'offrent pas les mêmes taux compétitifs à leurs clients en Afrique. "

Beaucoup de clients sont rebutés par le coût de l'expédition, même si eShopAfrica.com a négocié un taux réduit avec DHL.

"Le marketing est un autre défi.", explique-t-elle. "En tant qu'entreprise africaine de commerce équitable évoluant dans une économie africaine, on ne peut pas se permettre des campagnes marketing coûteuses. Nous utilisons ce que nous pouvons pour faire du marketing gratuit, beaucoup de nos produits sont uniques et bénéficieraient davantage d'un marketing ciblé. "

Skinny laMinx

A la pointe sud de l'Afrique, Heather Moore, illustratrice et styliste, a fini par se lancer dans une activité e-commerce lorsque, comme elle le décrit, son passe-temps "est devenu hors de contrôle" il y a quatre ans. "La raison pour laquelle cela a grandi si rapidement à une échelle internationalle est que j'ai commencé à en parler via mon blog et ma boutique en ligne."

En fait, sa marque, Skinny laMinx (www.skinnylaminx.com), a reçu une reconnaissance mondiale, en particulier aux Etats-Unis et en Australie, avant de se faire connaître dans son Afrique du Sud natale. Maintenant 80 pour cent de ses ventes sont effectuées sur internet grâce à ses deux boutiques en ligne, l'une en dollars US et l'autre en rands sud-africains.

Le côté négatif, cependant, et elle est d'accord avec El Obeid, est que les paiements et les livraisons sont les principaux défis auxquels elle fait face dans le cadre de son activité e-commerce en Afrique du Sud.

"Il est coûteux d'expédier des produits partout dans le monde, et je pense que cela peut avoir un effet dissuasif pour les acheteurs. En outre, les Sud-Africains n'ont pas d'accès direct à la passerelle de paiement Paypal - nous sommes obligés de transiger via la First National Bank, ce qui signifie qu'il y a des frais importants à payer pour tout paiement en ligne",  confie-t-elle.

Bien qu'elle s'attend à ce que les gens soit très méfiants quant à acheter quelque chose aussi loin,  Morre  constate malgré tout que "les gens très excité par le fait d'acheter quelque chose venant d'un endroit exotique."

Beauty of Rwanda

Adoptant une approche légèrement différente, Salha Kaitesi, fondateur de la Beauty of Rwanda, (www.beautyofrwanda.com), effectue des envois en grros de l'artisanat rwandais au Royaume-Uni avant de le vendre dans le monde entier. Toutefois, elle considère également que les coûts d'expédition sont un défi: "Les frais d'expédition sont élevés car il n'y a pas de concurrence. De plus en plus d'entreprises ont besoin de mettre en place des affaires au Rwanda. La plupart de ses clients sont aux Etats-Unis, Royaume-Uni, en Irlande et en Australie.

Iyam.mobi

Aucune analyse du e-commerce en Afrique ne saurait être complète sans aborder l'espace mobile. Garder les choses locales, c'est ce que fait Fritz Ekwoge, fondateur de Iyam.mobi (www.iyam.mobi), un groupe de service SMS via le web ou téléphone mobile.  "Nous sommes passés du marketing hors ligne (porte-à-porte par des agents de marketing) à la commercialisation en ligne via des publicités en ligne sur certains sites populaires (à la fois internationaux et locaux). Être une entreprise en ligne ciblant le marché de la consommation et de la vente via Internet réduit nos coûts de mise en place de points de vente physiques dans de nombreuses villes, sans forcément réduire notre portée. "

Puisque le service d'Ekwoge est fourni en ligne, il n'a pas de livraison physique à traiter amis il demeure le défi du paiement en ligne : recevoir des paiements dans une économie basée sur le comptant, les espèces. Il avoue que collecter ses recettes de collecte est son principal goulot d'étranglement. "Il existe des alternatives aux paiements par cartes de crédit dans de nombreux pays africains, mais beaucoup moins automatisées. Au Cameroun, nous avons Express Union et MTN Mobile pour des transferts en espèces."

Analyste sur Nextafrique.com.

Titulaire d'un master de communication, Marc-Olivier travaille à Paris comme chargé des relations extérieures au sein d'une société audiovisuelle. Il est passionné d'actualités et aime particulièrement connaître les vraies histoires derrière les annonces furtives.