Pour accroître la production alimentaire, les agriculteurs africains doivent investir dans de meilleures semences, engrais et pesticides. Ce faisant, ils seraient en mesure de doubler voire tripler leurs productions et leurs revenus.

Cependant, la plupart des agriculteurs n'ont pas les fonds nécessaires et doivent recourir à des prêts. Les institutions de microfinance (IMF) sont réticentes à fournir de tels prêts car une mauvaise récolte due à la sécheresse ou à des précipitations excessives rendrait le remboursement impossible.

La micro-assurance est reconnue comme étant la clé de ce problème. Elle permet aux agriculteurs africains de sortir de l engrenage de la pauvreté et d intégrer une spirale ascendante en augmentant leurs revenus, leur l'épargne, en permettant des investissements supplémentaires.

Le coût de l'assurance traditionnelle restant assez élevé, une assurance climatique a été préconisée comme une solution. Toutefois, il existe trop peu de stations météorologiques en Afrique. En construire plus coûterait cher et ne fournirait pas une série chronologique historique de données fiables nécessaires à l'analyse des risques.

En 2009, un partenariat entre le ministère des Affaires étrangères néerlandais, Rabobank et EARS Earth Environment Monitoring et la société de télédétection EARS Earth Environment Monitoring, a permis le lancement de la micro-assurance FESA (Food Early Solutions For Africa) dans le but de développer une assurance à faible coût basée sur les satellites et destinée à tous les agriculteurs en Afrique.

Une méthode rigoureuse

Pour y parvenir, ils se fondent sur les données climatiques de Meteosat, une famille de satellites météorologiques réalisés sous maîtrise d'Suvre de l'Agence spatiale européenne (ESA).

Les données issues de l observation continue de zones géographiques par les satellites alimentent un modèle de croissance agricole afin de générer des estimations de récoltes.

Trente années de données sur les récoltes sont utilisées pour évaluer le risque d échec de récolte et pour développer et fixer le prix d un produit d assurance.

EARS reçoit toutes les heures des données visuelles et thermiques infrarouges de Météosat. La base de données historique sur 30 années a ainsi été construite avec l'appui d'Eumetsat et du service météorologique des Pays-Bas.

Toutes ces données sont traitées à la température, l'évapotranspiration et les niveaux de précipitations. Les données couvrent l'ensemble du continent africain avec une résolution spatiale de 3 km.

Elles servent d indices pour l'assurance contre la sécheresse agricole et les précipitations excessives. Les indices sont classés par zone ; chaque zone étant caractérisée par un ensemble spécifique de données historiques.

Un principe novateur

L'approche FESA, par zonage climatique, offre un énorme potentiel de mise à l'échelle des assurances et des économies correspondantes.

Le principe rend possible la mise en place d un contrat paramétrique avec une prime d assurance fixe où seul l emplacement (la zone) de l'assuré doit être déterminée pour que les paramètres du contrat soient définis.

EARS réalise les services de collecte de données, d analyse des risques, de développement technique de l'assurance, de suivi de l'indice et des rapports de paiements.

L assureur met ensuite en Suvre facilement ces services dont les coûts annuels restent généralement inférieurs à 50 centimes d euros par agriculteur (moins de 330 FCFA), une toute petite partie de la prime d'assurance.

Un essor considérable

Depuis 2011, EARS Earth Environment Monitoring soutient les projets d'assurance de PlaNet Guarantee, de MicroEnsure, de la Fondation Syngenta et de Cardano. Les assurances ont été développées pour le maïs, le blé, le riz, les haricots et le coton au Mali, au Burkina Faso, au Bénin, au Kenya, en Tanzanie et au Rwanda.

Désormais, cette nouvelle approche de l'assurance-récolte connaît une ampleur considérable. Elle initie un cercle vertueux qui permet de maintenir les frais généraux à des niveaux peu élevés. L'approche aide potentiellement des centaines de milliers d'agriculteurs à accéder à une assurance abordable, qui elle-même les aide ensuite à investir dans l'amélioration des semences et des engrais, et donc à augmenter leurs productions et leurs revenus.

En Afrique de l Ouest, le projet, en partenariat avec PlaNet Guarantee, est présent dans plus de 800 zones. Chaque zone peut couvrir l ensemble d une communauté agricole. De cette façon, plusieurs centaines de milliers d'agriculteurs peuvent être assurés.

Pour toutes ces raisons, la micro-assurance FESA représente une percée majeure dans les mécanismes d assurance récoltes à prix abordables.

 

Analyste sur Nextafrique.com.

Titulaire d'un master en sciences appliquées et d'un MBA, Séverine est consultante et exerce entre Paris, Abidjan et Dakar. Elle est passionnée par la culture et les innovations locales africaines.