Dans la nécessité permanente de se protéger dans un environnement hostile, les esclaves africains au Brésil pratiquaient un art martial maintenant appelé Capoeira. Ses méthodes étaient sournoises... et les résultats, souvent brutaux, s'avéraient, quand cela était nécessaire, fataux.

La capoeira a été et est composée de mouvements ressemblant à ceux des chats : les participants se mettaient au ras du sol, faisaient usage de roues, de culbutes, de poiriers et de nombreux autres mouvements trompeurs afin d'éviter les frappes et les blessures de leurs opposants. Les praticiens utilisent coups de pieds, balayages, coups de tête, gouges et poinçons pour frapper leur adversaire.

Toutes ces actions sont combinées de sorte à composer une forme dévastatrice d'art martial qui a autrefois protégé ses participants contre les esclavagistes, et parfois les uns les autres. Les origines de la capoeira sont souvent contestées. Nombreux sont ceux qui sont en désaccord.

Certains affirment que cet art a été importé d'Afrique par les Africains réduits en esclavage; d'autres que les Africains l'auraient créé après leur arrivée au Brésil. Une théorie suggère qu'il s'agissait d'une danse pratiquée en Angola par les hommes lorsqu'ils faisaient la cour à de jeunes femmes. Un autre suggère que c'était un système de combat qui a été affiné par les Africains et a évolué vers sa forme mortelle à l'époque de l'esclavage au Brésil.

Peu importe le résultat final de ces désaccords, l'ultime vérité est que personne ne conteste qu'il s'agit d'une création africaine.

Dans les nombreuses plantations de la campagne brésilienne, des Africains réduits en esclavage ont utilisé ces méthodes pour lutter contre les comportements malveillants souvent infligés par les contremaitres, leurs équipages et les propriétaires d'esclaves.

Ses praticiens ont pu créer une telle force à travers leurs mouvements et tactiques surprises qu'il n'était pas rare pour les victimes d'être frappé soudainement et de mourir sur le  coup. Les adeptes de cet art martial plaçaient parfois entre leurs orteils des rasoirs ou des couteaux utilisés sans pitié face à ceux qui croisaient de façon innoportune leurs chemins.

Les Marrons brésiliens, des Africains qui ont échappé à l'esclavage et formé des alliances avec les «Amérindiens», ont été connus pour utiliser la Capoeira contre les chasseurs, les traqueurs et les soldats qui tentaient de les faire retourner à un état d'esclave. Les survivants des embuscades des marrons ont décrit des scènes de chaos, affirmant que les Marrons apparaissaient de nulle part et leur donnaient des coups sous des angles qu'ils ne pouvaient pas comprendre.

Il n'était pas rare d'entendre de ces esclavagistes tourner la queue au vent dans une tentative d'échapper à ces attaques vicieuses.

L'interaction mortelle qui se produisaient entre les Africains et les colonialistes a conduit à l'interdiction de la Capoeira et d'autres sommités par «les propriétaires d'esclaves». Cependant, toujours créative, la communauté a trouvé des moyens pour maintenir leur art.

La capoeira a été infiltrée dans des mouvements de danse dans des lieux publics tenus secrets. Après l'abolition de l'esclavage en 1888, le Brésil a continué à en interdire la pratique et la capoeria a été sauvagement considérée comme un art martial pratiqué par des «voyous» et des «criminels». Heureusement, beaucoup de Brésiliens d'Afrique et d'autres Brésiliens qui ont réalisé sa vraie valeur et son histoire ont continué à pratiquer la capoeira. Malgré les restrictions, l'interdiction officielle de la Capoeira ne pouvait pas durer et la volonté du peuple a pris le dessus sur la volonté de l'Etat. L'art martial de la Capoeira a évolué sous sa forme actuelle.

Aussi bien les éléments de danse que ceux d'art martial ont survécu pour créer une expérience qui est à la fois envoûtante et instructive. Les praticiens de la Capoeira se réunissent en cercles, appelés rodas, et ceux qui entourent les participants chantent, clappent et jouent des instruments de musique tels que les berimbaus (instrument à cordes) et les tambours. Les praticiens exécutent un mouvement appelé le Ginga (Jinga), où ils se déplacent l'un autour de l'autre, presque comme dans une danse, afin de désorienter l'adversaire.

Je dois admettre que mes descriptions de cet art ancien d'Afrique ne lui font pas justice. En conclusion, mon intention était de montrer que le rôle des Africains dans la Capoeira et dans l'évolution des arts martiaux ne doit pas être ignoré, oublié ou nié.

La bravoure de ces praticiens, par le passé pour protéger leur liberté, et actuellement pour maintenir leurs traditions, témoigne que la vraie grandeur peut être supprimée, mais jamais détruite!

Analyste sur Nextafrique.com.

Ingénieur en chimie fine, Kader travaille à Londres comme chercheur au sein d'une société de cosmétique. Ces centres d'intérêts sont la technologie, le développement durable et les sciences en général