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& et sous-estimation de l offre

Du côté de l'offre, la disponibilité d'eau douce, dans l'indice de stress hydrique, est calculée à partir des observations et des simulations du débit fluvial moyen (le ruissellement annuel moyen RAM). Mais l écoulement des fleuves en Afrique peut changer radicalement d'une saison à l'autre.

En effet, l'Afrique subsaharienne abrite quelques-uns des fleuves les plus variables du monde, où les débits des saisons sèches peuvent être nuls ou ne représenter qu une infime partie des flux des saisons des pluies.

Une telle variabilité ne devrait augmenter qu à la suite des changements climatiques. L'utilisation du RAM pour estimer la disponibilité de l'eau dans l'indice de stress hydrique ne tient pas compte de cette variabilité, en dépit de son importance cruciale dans la planification de la sécurité hydraulique.

L autre problème majeur dans l'utilisation du RAM pour estimer la disponibilité de l'eau en Afrique sub-saharienne est qu'il exclut l'humidité du sol provenant des précipitations. Mais dans une région où la quasi-totalité de l'agriculture est pluviale, l'humidité du sol fournit la seule grande source d'eau douce pour la production alimentaire.

Vers un nouveau système métrique

Ces exemples démontrent qu il nous faut abandonner l'indice de stress hydrique comme moyen de détermination de la pénurie et de l'insécurité de l'eau en Afrique sub-saharienne, car il dénature fondamentalement les crises actuelles et futures de l'eau dans la région.

Sans cela, il existe un risque sérieux que des ressources précieuses et limitées soient gaspillées par des politiques qui traitent la rareté  de l'eau dans des régions où la demande d'eau douce a été largement surestimée, comme le bassin du Haut-Nil, et qui ignorent la pénurie d'eau actuelle dans des régions où les débits fluviaux moyens masquent des pénuries saisonnières, comme dans le cours supérieur du Limpopo.

Il est donc nécessaire de concevoir un nouveau système métrique, adapté aux réalités locales de la demande en eau en Afrique sub-saharienne, qui intégrerait à la fois l'humidité du sol et la variabilité saisonnière des ressources en eau douce d'une région.

On note quelques progrès dans ce sens. Grâce à la recherche menée en Afrique de l'est, une équipe pluridisciplinaire développe, dans le cadre du Programme des services écosystémiques pour la lutte contre la pauvreté (ESPA) du gouvernement britannique, un système métrique qui tient compte de la variation saisonnière de la demande, de l'humidité du sol et de la réserve d'eau douce afin de mieux plannifier la sécurité de l'eau en Afrique sub-saharienne.

C'est avec de tels systèmes métriques que les décideurs peuvent concevoir des stratégies efficaces et ciblées pour répondre à la pénurie d'eau réelle aujourd'hui et dans un avenir incertain.

Richard Taylor est maître de conférences en hydrogéologie au département de géographie, University College London, au Royaume-Uni.

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