Les gisements de pétrole sont tentants mais il devient difficile pour les entreprises occidentales de traiter avec les gouvernements africains. Les producteurs pétroliers à commencer par ExxonMobil, Chevron et Tullow Oil ont dépensé des milliards dans leur quête de pétrole brut en Afrique sub-saharienne.

 

 

Aujourd'hui, les flux de bénéfices attendus sont compromis car les gouvernements africains renforcent les contrôles.

De 1989 à 2009, les estimations des réserves de pétrole en Afrique subsaharienne ont plus que doublé, à 127,7 milliards de barils, ce qui équivaut à environ 9,6% du total mondial, selon BP. Le long de la côte ouest-africaine, le Liberia, le Gabon et Sao Tomé et Principe ont reçu des appels d'offres pour des licences d'exploration.

Dans les régions plus enclavées, les formations géologiques qui s'étendent de la Mauritanie au nord de la Namibie pourraient contenir 71,7 milliards de barils de pétrole non encore découverts, selon les estimations de l'US Geological Survey. « Il y a beaucoup de potentiel. », explique Martin Kelly, responsable de la région Afrique subsaharienne chez Wood Mackenzie.

Les explorateurs ont également du mal à obtenir des licences et éviter de se retrouver avec des contrats moins favorables puisque les gouvernements, malgré leur bonne disposition à accueillir les compagnies pétrolières occidentales, cherchent à réaffirmer leur autorité sur leurs ressources naturelles et à satisfaire leurs électeurs.

Au Nigeria, par exemple, les compagnies pétrolières s'attendent à ce qu une loi sur le pétrole soit mise en place d ici la fin de l'année, visant à augmenter les impôts et les redevances de la production pétrolière. Les sociétés étrangères, quant à elles, affirment que les taxations pourraient compromettre la rentabilité de leurs investissements offshores.

Rolake Akinola, analyste spécialiste del Afrique au sein du groupe Eurasia basé à Londres, explique :

Les gouvernements sont beaucoup plus sous pression pour que plus de revenus pétroliers entrent dans les coffres nationaux.

En août dernier, le Ghana a bloqué l offre d achat d ExxonMobil à 4 milliards de dollars des parts de Kosmos Energy, basée à Dallas, dans le gisement Jubilee. Par ailleurs, un litige fiscal a entravé les plans de Tullow de commencer à pomper dans les gisements ougandais. «L'ingérence des gouvernements en Ouganda et au Ghana représente une préoccupation majeure.», a déclaré Dougie Youngson, analyste chez Arbuthnot Securities à Londres. «Cela fait partie intégrante du fonctionnement structurel en Afrique.»

La société Kosmos, qui est soutenue par les groupes Blackstone et Warburg Pincus, a été accusée d'avoir violé les termes de son contrat en tentant de vendre des actifs à ExxonMobil sans le consentement de la société énergétique nationale du Ghana, une accusation que Kosmos a nié. « Le Ghana encourage la venue d investisseurs comme ExxonMobil. », a déclaré Emmanuel Armah-Kofi Buah, ministre adjoint de l'Énergie. «Mais nos lois établissent également des exigences claires qui doivent être respectées.»

En Ouganda, Tullow a versé 1,5 milliard de dollars à Heritage Oil en juillet dernier pour avoir le contrôle de deux licences. L'approbation finale a été retardée jusqu'à ce que le gouvernement et Heritage se soient mis d'accord sur le montant d'imposition des plus-values d Heritage. Tullow, comme l Ouganda, espère que la problématique de l'impôt sera bientôt résolue.

En juin dernier, le Congo a annulé un accord de 2006 avec Tullow et remis deux permis d'exploration à des sociétés appartenant au neveu du président sud-africain Jacob Zuma. Le Congo aura du mal à attirer des investissements « légitimes » s il ne respecte pas les contrats de façon transparente, avait déclaré Tullow à l'époque. La société a obtenu une injonction temporaire empêchant le développement ou la revente de licences litigieuses.

Une stratégie pour les petits exploitants en Afrique sub-saharienne pourrait être de trouver du pétrole, puis de vendre les découvertes aux majors ou aux Chinois. « On n a pas nécessairement besoin de se lancer dans des exploitations complexes. », explique Thomas P. Cross, le PDG sortant de Dana Petroleum, un explorateur britannique de taille moyenne, qui vient d'être acquis par Korea National Oil.

La meilleure façon de maximiser le rendement des actionnaires est d'explorer dans ces pays, mais en produisant dans des zones plus stables politiquement.

En résumé : les gouvernements d Afrique sub-saharienne réaffirment leur contrôle sur les richesses pétrolières du continent à travers une série de différends avec les compagnies pétrolières occidentales.

 

Analyste sur Nextafrique.com.

L. Trame a travaillé au sein de plusieurs banques d'investissements de la place de Paris. Ses centres d'intérêts sont l'économie, la finance de marché et les nouvelles technologies.