Cité par un rapport de la Banque mondiale comme un pays où le commerce extérieur est affecté par des goulots d'étranglement tels des délais longs concernant le passage des marchandises au port de Douala, le Cameroun avec l'appui de cette institution prépare la mise en place d'un système d'opérations électronique visant la facilitation des procédures.

La présentation d'une étude d'un consultant de la Banque mondiale a réuni des acteurs du secteur mardi à Yaoundé autour du projet de dématérialisation des procédures du commerce extérieur destiné à consacrer un système de gestion aux standards internationaux des activités du Guichet unique des opérations du commerce extérieur (GUCE), basé à Douala, la métropole économique camerounaise.

Amélioration de l'efficacité, rapidité et transparence des procédures, réduction du temps requis pour le dédouanement des marchandises à l'import et à l'export, etc. : ce sont autant d'objectifs spécifiques recherchés par le système élaboré par l'expert Jameleddine El Kamel pour qui, en résumé, il s'agit d'avoir « une administration sans interruption, qui fonctionne même les jours fériés » et, entre autres également, de « fiabiliser les statistiques avec toute la précision requise ».

Le consultant suggère un processus avec accès par un certificat électronique pour les usagers et basé sur six systèmes d'information comprenant la gestion de la traçabilité des produits à l'export, du fret terrestre, des affaires maritimes et des voies navigables, du certificat d'origine, du commerce extérieur pour le cacao et le café, puis du suivi financier du commerce à l'import et à l'export.

En clair, une fois le projet e-Guce mis en application, les opérateurs économiques nationaux et étrangers seront soumis à des procédures électroniques pour leurs opérations d'import et d'export.

Pour le directeur général des douanes, président du Conseil d'administration du Guichet unique des opérations du commerce extérieur, Minette Libom Li Likeng, cette facilitation des procédures du commerce « doit permettre de restaurer la compétitivité du port de Douala qui constitue un enjeu important dans la sous-région d'Afrique centrale ».

D'après elle, « la prédictibilité des procédures, des délais et des coûts afférents et l'utilisation des normes existantes convenues au niveau international inciteront les investisseurs étrangers à s'installer au Cameroun, les donneurs d'ordre à avoir recours à la sous-traitance camerounaise et les potentiels agents économiques locaux à acquérir l'esprit entrepreneurial nécessaire et créer ainsi un climat de prospérité économique ».

Sur les délais et les coûts de traitement des opérations, fait- elle savoir, « la durée de rétention des marchandises à l'entrée aussi bien qu'à la sortie du territoire national sera réduite ( passer de 19,5 jours de moyenne à 7 jours), ce qui permettra une croissance des flux d'importation et d'exportation sans investissements nouveaux en infrastructures ».

Une étude récente de la Banque mondiale a jugé ces délais longs, comparés à ceux du port de Durban en Afrique du Sud par exemple où la durée moyenne de passage sur les terminaux de conteneurs est de 4 jours, 11 jours à Mombassa au Kenya, 14 jours à Dar es Salaam, et de 3 à 4 jours dans la plupart des ports internationaux.

« Les données dont on dispose sur le corridor Douala-N'Djamena (capitale du Tchad) indiquent que plus de la moitié du délai de livraison enregistré entre l'arrivée des marchandises au port et leur arrivée à leur destination finale est imputable aux retards accumulés au port », souligne la dernière édition publiée en juillet des Cahiers économiques du Cameroun, une revue périodique de cette institution.

Ce document dont Xinhua a obtenu copie fait un autre constat selon lequel « au Cameroun, il faut remplir 12 documents pour importer un produit et 11 pour en exporter un, alors qu'en moyenne ce nombre oscille entre 6 et 8 dans un échantillon d'économies émergentes et d'autres pays africains qui aspirent à ce statut ».

Par ailleurs, « à quelques exceptions près, le délai d'importation est plus important que dans les pays faisant partie de l'échantillon (23 jours au Cameroun contre une moyenne de 16 jours dans les autres pays de l'échantillon). Importer un produit au Cameroun coûte trois fois plus qu'en Malaisie, au Vietnam ou en Thaïlande ».

De l'avis de Dominique Njinkeu, spécialiste en chef de la facilitation du commerce de la Banque mondiale à Washington présent à la rencontre de mardi à Yaoundé, « parce que dans l'économie moderne, on ne peut plus se permettre d'avoir des procédures papier, il faut se mettre à l'ère de l'électronique. Ce devrait être un élément essentiel de la compétitivité du Cameroun ».

« On constate que les coûts de transport ne sont pas aussi élevés que ça dans la région, mais les prix payés sont très élevés. Ça signifie que peut-être que les bénéfices de la dématérialisation ne descendent pas jusqu'au citoyen moyen. Donc, il convient d'étudier les structures des marchés des transports au Cameroun pour s'assurer que les prix puissent baisser », a-t-il ajouté dans un entretien à Xinhua.

L'économiste estime qu'une baisse de ces prix va entraîner par effet d'entraînement une baisse des prix des biens de consommation, soit une amélioration du bien-être.

De l'avis de Minette Libom Li Likeng, la dématérialisation des procédures du commerce extérieur permettra en outre une réduction de l'immobilisation des capitaux engagés par le chargeur, une compétitivité accrue des entreprises, l'incitation à l'investissement direct national et étranger et d'une manière générale l'amélioration du climat des affaires au Cameroun.