<«La nouvelle génération d entrepreneurs en Afrique: profils et valeur sociale de leurs activités». C est sur ce thème que la Coordination pour l Afrique de Demain(CADE) a drainé du beau monde mardi dernier, 16 février 2010 dans les locaux de l Ecole nationale d administration (ENA), rue de l Observatoire dans le 6ème arrondissement de Paris.

La manifestation qui se situait dans le cadre du cycle II de la réflexion sur «La libération de la capacité d entreprendre en Afrique», a fait la part belle au Cameroun. Parmi les intervenants annoncés, outre Fatchima Cissé qui dirige une société de transformation alimentaire au Niger, et qui a brillé par son absence pour des raisons indépendantes de sa volonté, les autres panélistes étaient bien présents au rendez-vous.

Parmi eux, Patrice Hoppenot, président de Investisseurs & Partenaires pour le développement, une société d investissement pour le développement des PME en Afrique. Mais il y avait surtout deux Camerounais: Amos Ngongang, ingénieur ICAM, Contrôleur des risques marchés et évaluation de projets à la Direction du groupe SNCF, président de Dynamique Afrique centrale, une association d expertises pour la création d entreprises dans la sous région et Roger Njitchoua, entrepreneur, directeur de Cameroun Breuvages, une entreprise de production d eau en sachet. La rencontre s est déroulée dans l amphithéâtre Parodi de l Ena où dès 17h45, Jean-Loïc Baudet, le président de la CADE, a rappelé le cadre dans lequel se tenait cette rencontre-débat. Puis Roland Portella, directeur de Central Business, une plate-forme de mutualisation de compétences pour chefs de PME européennes, et par ailleurs administrateur de la CADE, a fait office d animateur des débats.

«Fiscalité, banques, capital politique &»

Les entrepreneurs africains évoluent dans des environnements locaux ou nationaux dont les interactions et proximités sociales sont fortes. Dans le contexte de la mondialisation, l entreprise doit diversifier ses parties prenantes, spécifiquement dans ses rapports avec la société. Or, en Afrique subsaharienne, les liens sociaux demeurent le ciment des différentes activités humaines. Comment ces nouveaux entrepreneurs intègrent-ils dans leur stratégie d entreprise la demande sociale de leurs concitoyens? «Vouloir entreprendre, c est quelque chose d universel. Encore faut-il en avoir les moyens. Nous jouons un rôle d accompagnement technique, en tant que partenaires des entrepreneurs africains», explique Patrice Hoppenot dont la structure Suvre aux côtés de 25 entreprises en Afrique francophone actuellement.

Pour sa part, Amos Ngongang apporte un témoignage: «J ai constaté que l entrepreneur en Afrique, aujourd hui, doit avoir un capital social important. Mais comme nous sommes face à la mondialisation, le nouveau chef d entreprise en Afrique est confronté à des mutations permanentes. Il vit avec internet, le téléphone mobil et toutes les nouvelles technologies de l information et de la communication. Par ailleurs, le chef d entreprise en Afrique doit aussi savoir faire du marketing politique, ce qui n est pas nécessairement le cas en Europe. Le capitalisme social est donc très bien adapté à la culture africaine d entreprise.», soutient-il. Quant à Roger Njitchoua, qui a livré quelques clés de succès d un projet économique en Afrique, en évoquant notamment «la qualité du projet, la qualité du porteur du projet, la qualité des partenaires du projet qui doivent partager une même vision de développement», il a aussi mentionné les «contraintes sociétales de l entrepreneur africain» depuis les contraintes familiales jusqu aux contraintes communautaires en passant par celles politiques. Ce qui ne l a pas empêché d être optimiste: «Aujourd hui, a-t-il conclu, je ne regrette pas du tout mon choix. Si j avais un conseil à donner à mes frères et sSurs de la diaspora, c est vraiment de sauter le pas, pour venir entreprendre en Afrique».

La traditionnelle séance de questions-réponses qui a suivi ces exposés, a permis de faire un round up des principaux freins à l investissement en Afrique: la fiscalité, les banques qui, bien qu étant en surliquidité, ne facilitent guère les prêts utiles au démarrage des projets. «Mais, une fois que le projet marche, les banques vous harcèlent», a ironisé Roger Njitchoua. La prochaine rencontre-débat de la CADE devrait avoir lieu au mois de mai prochain, sur le thème du Management des entreprises en Afrique.

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Un article de Jean-celestin Edjangue