Les 23 et 24 août derniers, les différents acteurs des quatre Bourses d'Afrique de l'Ouest ont participé à un forum dédié à la dynamisation des efforts régionaux dans la mise en oeuvre de l'initiative de longue date d'intégration des marchés en Afrique de l'Ouest.

Le processus d'intégration avait débuté en 2006 avec la mise en place des différents comités techniques menés par la Bourse du Ghana (GSE), la Bourse du Nigeria (NSE), la Bourse de la Sierra Leone et la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) en Côte d Ivoire. Cependant, le processus semble en être au point mort.

Cela a été l occasion de faire le point sur les contraintes structurelles, les difficultés de viabilité financière et l'absence de soutien politique de la part des gouvernements qui menacent la réalisation d une bourse régionale commune aux états membres de la CEDEAO.

Les avantages d une Bourse commune

Le tarissement des sources officielles de capitaux extérieurs, l'épargne sur les marchés internes limitée et la petite taille des marchés boursiers nationaux sont les principales motivations pour une intégration financière régionale.

L'intégration des marchés de capitaux au sein de la sous-région devrait offrir un plus grand bassin de fonds à long terme dont pourront bénéficier les entreprises de sorte à tirer parti de la croissance, de l'expansion et de la création d'emplois.

L'intégration des marchés des capitaux est également un élément clé pour l'intégration économique régionale et conduirait à la croissance des entreprises au sein de la sous-région.

D'autres avantages de l'intégration sont la protection contre les chocs, l'amélioration de l'efficacité, la détermination efficiente des prix, la réduction des coûts de transaction, et l'expansion des possibilités d'investissement pour les investisseurs dans la sous-région.

Les défis à relever pour une intégration financière réussie

Les barrières linguistiques et les différences entre les systèmes juridiques des pays anglophones et francophones sont des défis majeurs qui menacent de faire dérailler le processus.

« L'une des conclusions de la commission [technique] est qu il est nécessaire pour les marchés financiers de s intégrer sur le plan opérationnel et aussi de parvenir à une harmonisation de la réglementation. L'intégration du marché est essentielle pour nos efforts d intégration régionale. Outre l'avantage économique, l'intégration permet de renforcer la solidarité régionale », a déclaré John Tei Kitcher, directeur par intérim de l Institut Monétaire d Afrique de l'Ouest (IMAO).

Selon John Kitcher, une intégration systématique et complémentaire des marchés s impose pour assurer la progression nationale et régionale des efforts en harmonie et en tandem.

« Par ailleurs, les efforts de coordination des politiques doivent être améliorés avec des objectifs clairement définis à court, moyen et à long terme », note-t-il.

M. Kofi Yamoah, directeur général de la Bourse du Ghana, a fait remarqué que beaucoup d'entreprises détenues par les États et d'autres grandes entités ne sont pas cotées sur les Bourses des pays membres de l IMAO.

« Les gouvernements au sein de la sous-région n'utilisent pas suffisamment le marché pour lever des fonds pour le développement des infrastructures. Ils ne permettent pas non plus aux entreprises publiques de lever des fonds sur le marché pour leurs besoins. Si ces opérations sont mises en Suvres au sein de nos marchés, elles assureront la viabilité financière et la priorisation de l'intégration », a-t-il dit.

L autre point relevé est l harmonisation et l interconnexion des systèmes d information. Les marchés doivent être reliés électroniquement afin d être en mesure de fournir un point d'accès unique pour les intervenants. Ce qui représente un challenge considérable compte tenu des disparités entre les systèmes d information, avec par exemple, l avance notable qu a prise la Bourse du Nigéria grâce à sa prochaine plateforme de trading X-Stream.

Analyste sur Nextafrique.com.

L. Trame a travaillé au sein de plusieurs banques d'investissements de la place de Paris. Ses centres d'intérêts sont l'économie, la finance de marché et les nouvelles technologies.