L'agence Moody's a attribué à la BAD (Banque africaine de développement) une note triple A avant un emprunt obligataire de 40 milliards de dollars pour financer les projets d'infrastructure en Afrique ; ce qui indique que ses titres présentent un risque de crédit minimal.

Cette note triple A (AAA) est accompagnée d'une perspective stable avant l'émission obligataire prévue par l'institution.

Déjà au mois d'août dernier, la BAD avait annoncé son intention de mobiliser 22 milliards de dollars auprès des banques centrales africaines pour les infrastructures prioritaires africaines, soit 5% des réserves de changes.

La banque panafricaine avait ainsi clairement affiché son ambition de puiser dans les énormes réserves de change détenues par les gouvernements africains dans des comptes à l'étranger afin garantir une émission d'obligations visant à financer les projets d infrastructures.

« En y ajoutant des investissements complémentaires par les investisseurs étrangers, le continent peut facilement lever 40 milliards de dollars pour combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique », a expliqué Donald Kaberuka, le président de la BAD, lors du 50e anniversaire de l association des banquiers kenyans à Nairobi le mois dernier.

Selon l'agence Moody s, la BAD est financièrement solide et a considérablement réduit ses niveaux d'endettement, ajoutant que l institution est dirigée prudemment et bénéficie d un fort soutien de la part de ses actionnaires.

« Ces forces compensent la relative faible qualité moyenne de crédit du portefeuille de prêts de la BAD, liée aux défis posés par l environnement régional dans lequel opère la banque », a exposé Moody s dans une note de recherche.

Moody s relève que les mécanismes d'apurement des arriérés de la BAD ainsi que le programme d allègement de la dette des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) ont contribué à réduire sensiblement le niveau des arriérés.

L'agence de notation internationale a toutefois noté que la BAD a encore une exposition à des actifs dépréciés relativement importante pour une banque multilatérale de développement notée AAA. Cette exposition serait principalement liée aux arriérés des pays qui ne sont plus éligibles pour emprunter auprès de la banque.

En réponse à la crise économique et financière mondiale, la BAD a du renforcer son appui aux pays africains, mais l'agence de notation estime que ce positionnement a augmenté le profil de risque de l institution sans toutefois l en affecter négativement pour l instant.

« Bien que ces politiques aient augmenté le niveau de risque du portefeuille de prêts de la BAD, les changements ne menacent pas la capacité de la banque à rembourser sa propre dette », a déclaré Moody s ajoutant que près de la moitié du portefeuille de la banque est concentrée en Afrique du Nord et que cela demandera une surveillance étroite.

L'agence de notation a rappelé qu en mai 2010, la banque a entrepris une importante augmentation de capital qui a renforcé ses fonds propres en capital souscrit de 33 milliards à près de 100 milliards de dollars, aidant le prêteur à mettre pleinement en oeuvre sa stratégie d'expansion sans pour autant débrider son profil de risque au-delà d'un niveau compatible avec une note triple A.

Analyste sur Nextafrique.com.

L. Trame a travaillé au sein de plusieurs banques d'investissements de la place de Paris. Ses centres d'intérêts sont l'économie, la finance de marché et les nouvelles technologies.