Winifred Selby, co-fondatrice de l'initiative Bamboo Bikes Ghana

Partout dans le monde, être un jeune entrepreneur est difficile. Cela est d’autant plus vrai en Afrique, où les défis sont souvent beaucoup plus prononcés. Ressources, financement, mentorat et services de soutien se font amplement plus rares. Pourtant, malgré cela, le taux de chômage de la jeunesse du continent est plusélevé qu'ailleurs, et pour de nombreux jeunes Africains, l'esprit d'entreprise n'est pas seulement un choix mais une qualité nécessaire pour survivre.

L'an dernier, le Prix Anzisha, le premier prix pour les entrepreneurs africains âgés de 15 à 22 ans, a identifié une poignée de jeunes entrepreneurs qui ont réussi en Afrique. Voici quelques-uns de leurs conseils pour réussir.

1. La première étape la plus importante

Le camerounais Alain Nteff est le fondateur de GiftedMom, une plate-forme d’e-contenu pour les femmes enceintes. L'année dernière, il a été Lauréat du Premier Prix d'Anzisha Price.

Selon lui, avoir une idée est simple, mais la transformer en réalité est une toute autre histoire. Le mur de défis à relever pour un entrepreneur peut rapidement en démotiver plus d’un avant de pouvoir donner suite à ses idées. Toutefois, les conseils d'Alain sont de juste commencer, ajoutant qu'une fois la première étape franchie, les solutions à ces défis vont commencer à devenir plus claires.

« Il y a tellement de défis en Afrique qui peuvent faire penser aux entrepreneurs qu'ils ne peuvent rien y faire. Mais il est très important qu'ils restent juste concentrés sur l'objectif et passent la première étape. Ensuite, tout le reste va commencer à se mettre en place ».

2. Développer votre marque d'entreprise

Tom Osborn est le fondateur de GreenChar au Kenya, une startup d'énergie propre qui produit des briquettes de charbon de bois pour la cuisine qui ont la particularité d’être à la fois saines et durables. GreenChar, à peine âgée de deux ans, a déjà fait le buzz. Osborn a remporté de nombreux prix d'entrepreneuriat et a récemment été nommé par Forbes parmi les 30 meilleurs entrepreneurs sociaux de moins de 30 ans.

Les entrepreneurs doivent passer beaucoup de temps, non seulement sur leurs produits, mais aussi sur l'élaboration de la façon dont ils vont les vendre.
Tom Osborn, kenyan, fondateur de GreenChar

Son conseil aux jeunes entrepreneurs : développer à la fois leur entreprise et leur marque personnelle.

« Je pense qu'en Afrique, il y a beaucoup de jeunes entrepreneurs qui ont de grandes idées, mais ne se font jamais remarquer ou alors à une échelle très restreinte. Je pense que l'une des raisons à cela est qu'ils se positionnent mal et positionnent mal leur organisation. Ils ne savent pas comment raconter leur histoire. Ils ne savent pas comment créer leur marque. Et je pense que cela est aussi très important », explique Osborn.

« Les entrepreneurs doivent passer beaucoup de temps, non seulement sur leurs produits, mais aussi sur l'élaboration de la façon dont ils vont les vendre ».

3. Se lancer en affaires avec un ami : séparer business et plaisir

Le sud-africain Thato Kgatlhanye est l'un des entrepreneurs à l'origine de Repurpose Schoolbags, une initiative sociale qui recycle les sacs en plastique pour en faire des cartables à haute-technologie solaire pour les enfants défavorisés, se sorte à ce que ceux-ci puissent étudier après la tombée de la nuit.

Quand vous concluez un partenariat d'affaires avec votre ami, comportez-vous comme si vous aviez rencontré cette personne ce jour-là.
Thato Kgatlhanye, sud-africain, fondateur de Repurpose Schoolbags

Son co-fondateur, Rea Ngwane, est aussi son ami d'enfance et le duo a développé un bon partenariat de travail en apprenant à séparer leur relation personnelle de leur entreprise.

« Quand vous concluez un partenariat d'affaires avec votre ami, comportez-vous comme si vous aviez rencontré cette personne ce jour-là », conseille Kgatlhanye.

« Vous ne pouvez pas dire que puisque vous connaissez votre ami depuis la quatrième année, vous travaillerez bien ensemble en affaires. Non - vous ne le connaissez que depuis que vous avez décidé de démarrer une entreprise ensemble. Donc, apprenez à connaître votre partenaire d'affaires comme un partenaire d'affaires, pas comme un ami, parce que les affaires et l'amitié sont des jeux de balle complètement différents ».

Une autre astuce qui a été bénéfique pour les co-fondateurs était d'engager un coach d'affaires pour les aider à être à l'aise dans leur relation d'affaires. « Et je pense que c'est le meilleur conseil. Engagez un coach d'affaires, soyez honnêtes, mettez l'ego et le bruit à la porte ».

4. Une bonne équipe est la clé

Le togolais Sam Kodo est un peu un génie de la robotique. A l'âge de sept ans, il avait construit son premier robot, et aujourd'hui, il est le fondateur d'Infinite Loop, une entreprise qui produit localement des ordinateurs personnels bon marché pour les étudiants. Cependant, Kodo reconnaît qu'exploiter une entreprise demande plus qu'être un expert en informatique. Il estime que l'ingrédient clé du succès est une bonne équipe.

Lorsque vous choisissez un partenaire d'affaires, choisissez quelqu'un qui vous complète - pas quelqu'un avec les mêmes compétences.
Sam Kodo, togolais, fondateur d'Infinite Loop

« Bill Gates ou Mark Zuckerberg pourraient ne pas avoir été particulièrement de bons hommes d'affaires ou de bons administrateurs ni même bons à la commercialisation, mais ce qu'ils ont fait était de s'entourer de personnes qui ont les compétences et les aptitudes nécessaires pour transformer leurs [compétences en informatique et innovation] en entreprise ».

Kodo explique que son partenaire d'affaires et lui ont des compétences complémentaires, dont ils se servent pour prendre des décisions commerciales conjointes. « Lorsque vous choisissez un partenaire d'affaires, choisissez quelqu'un qui vous complète - pas quelqu'un avec les mêmes compétences ».

5. La motivation doit venir de l'intérieur, pas des autres

La réussite entrepreneuriale est loin d'être facile à réaliser, et de nombreux jeunes seront découragés par la famille et les amis qui tenteront de les empêcher de renoncer à un salaire stable pour suivre leur vision entrepreneuriale. Cependant, si les entrepreneurs ne devraient pas être irréalistes ou ignorants sur les risques énormes auxquels ils sont confrontés, ils doivent aussi être « un minimum » courageux.

Les gens ne comprennent jamais votre parcours, car il ne leur appartient pas de le comprendre.
Winifred Selby, ghanéen, co-fondateur de l'initiative Bamboo Bikes

Ce point a été relevé par Winifred Selby, co-fondatrice de l'initiative Bamboo Bikes Ghana, une entreprise qui a reçu de nombreux prix internationaux depuis sa création. Selby estime qu'il est important que les entrepreneurs tirent leur inspiration et leur courage de leurs propres rêves et passions, plutôt que de simplement compter sur le soutien des autres.

« Il y avait tant d'amis qui riaient quand ils ont entendu parler de l'idée du vélo de bambou. Certaines personnes vont certainement vous décourager, mais une chose dont je me suis rendu compte dans la vie est que vous devez rester concentré ».

« Les gens ne comprennent jamais votre parcours, car il ne leur appartient pas de le comprendre ».

Analyste sur Nextafrique.com.

Titulaire d'un MBA,Kingsley travaille à Londres comme responsables du développement Afrique d'un groupe d'import-export. Il est passionné d'innovation et par l'étude des stratégies de développement.