Aminata Dembélé, lauréate du prix PROFEIS de l’innovation paysanne

L’innovation paysanne contribue à la sécurité alimentaire et à la conservation des ressources naturelles. PROFEIS (« Promoting Farmer Experimentation and Innovation in Sahel ») est un programme de recherche action de deux ans au Sénégal et au Mali pour promouvoir l’innovation paysanne.

Depuis 2007, PROFEIS-Mali a identifié, caractérisé et retenu plus de 85 pratiques et innovations paysannes dans les régions de Ségou et Mopti. 10 d’entre elles sont en cours d’expérimentation. Parmi celles-ci, l’invention d’Aminata Dembélé, agricultrice et mère de 4 enfants.

Jusque-là inconnue, Aminata Dembélé a remporté le premier prix de l’innovation paysanne lors de la foire de l’innovation paysanne qui s’est déroulée au mois de novembre dernier grâce à l’invention d’un nouveau remède contre les insectes conçu à partir d’une plante locale, le « Potokolonibo ». Le nouveau produit a permis d’accroître le rendement et de réduire la quantité de pesticide industriel utilisée.

Son produit présente de multiples avantages et s’avère efficace à 90%. L’innovation ne nécessite pas d’investissement car la plante utilisée est disponible dans la nature et n’est pas toxique. Les habitants l’utilisent habituellement pour traiter le paludisme.

A 58 ans, cette maraichère et productrice de semences de cultures vivrières du village de Todjel dans la région de Ségou, est aujourd’hui en mesure de subvenir aux besoins de sa famille. Le prix de l’innovation a été accueilli avec beaucoup de fierté par les villageois.

Interviewée par le journal malien L’essor, Aminata Dembélé déplore : « dans un passé récent, toutes nos cultures étaient détruites. Et finalement nos fournisseurs s’étaient retirés à cause du non-paiement des crédits ».

Actuellement je gagne plus. Le produit a eu un impact positif au sein des foyers. Avant les hommes fuyaient leurs épouses à cause de l’odeur des pesticides qu’elles employaient abusivement.

Selon Christiane Diallo, journaliste pour l’Essor, l’historique de cette innovation mérite d’être connu. Elle rapporte qu’il y a moins de 10 ans, dans le village de Todjel à Ségou, les cultures maraîchères ont été attaquées par un insecte non déterminé que les femmes ont appelé «Tientieni » parce qu’il ressemblait au sable et aux pucerons. Aminata Dembélé a d’abord utilisé des produits phytosanitaires, puis des produits locaux : le neem mélangé avec le pétrole et le savon. Ensuite elle y a ajouté du piment. Cela s’est soldé par un échec entraînant la perte totale des légumes.

« Tirant la leçon de cette catastrophe, la brave dame s’est inspirée d’une pratique traditionnelle de lutte contre les poux de cheveux que sa maman utilisait. Le traitement consiste à préparer une solution aqueuse à partir d’une plante annuelle locale « Potokolonibo ». Elle a testé cette recette sur les plantes endommagées. Les résultats ont été positifs grâce à l’amélioration de certains points (dosage, fréquence, etc.) », poursuit la journaliste.

Analyste sur Nextafrique.com.

Activiste dans une ONG internationale sur des projets de développement social et durable, Langke prône un développement sain et prudent en Afrique.