L authenticité est une caractéristique particulièrement appréciée chez un manager. Celui qui dit ce qu il pense sans langue de bois, qui ne joue pas de jeu politique mais exprime directement son opinion, suscite l adhésion et la confiance.

Il est vrai que la qualité relationnelle repose en grande partie sur l'authenticité que l'on perçoit de son interlocuteur.

Les managers sont donc vigilants à montrer à leurs collaborateurs qu'ils sont sincères.

Mais ils sont parfois confrontés à la difficulté de mettre en oeuvre des décisions vis-à-vis desquelles ils avaient exprimé une opinion inverse. Certains, sans étatsd'âme, les mettent en oeuvre avec discipline mais alors sont-ils encore authentiques ? D'autres louvoient entre une application qui respecte les procédures et le fait de montrer qu'ils sont en désaccord avec elles.

Si les collaborateurs captent ce flottement, ils se sentent légitimes pour, a minima, contester la décision, voire ne pas l'appliquer. Bien souvent, le manager n'a pas le rationnel des décisions, faute d'avoir osé « challenger » son propre chef ou ses collatéraux. En somme, l'authenticité est limitée à la relation avec ses collaborateurs. Mais avec ses pairs et son chef, ce dernier reste dans une relation formelle dans laquelle on ne dit pas ce que l'on pense ou on ne va pas au bout des sujets.

Ce qui permet de rester dans une apparence d'harmonie au prix de nombreux non-dits. Attention donc à ne pas avoir une authenticité avec les uns et pas avec les autres. C'est la meilleure façon de se mettre en porte-à-faux. Authenticité ne signifie pas transparence. Le manager est un filtre, son rôle n'est pas de tout dire. Une grande partie de sa valeur ajoutée réside dans cette fonction d'interface : trouver la forme pour dire ce qui est utile, à qui il faut, au bon moment.

Enfin, l'authenticité suppose l'humilité de reconnaître que son opinion n'est souvent qu'un point de vue. Il est important de la faire entendre mais aussi d'accepter que l'enjeu n'est pas d'avoir raison (souvent contre les autres). Dès lors, que l'on a contribué à émettre son opinion, on peut authentiquement appliquer une décision contraire pour favoriser l'efficacité collective.