Le Nigeria a récemment lancé deux nouveaux satellites d'observation conçus notamment pour aider les agriculteurs et améliorer la gestion des catastrophes. Selon les experts, les nouveaux satellites marquent une avancée majeure pour le programme spatial nigérian.

Au sommet du ciel, là où l'espace commence, deux satellites sont, depuis le 17 août dernier, orientés par la lueur de la galaxie et par la commande de liaison terre satellite à partir d'Abuja. C'est le programme spatial du Nigeria.

Depuis une dizaine de jours, une équipe de spécialistes des fusées, dans le pays le plus peuplé d'Afrique, guide les troisième et quatrième satellites du Nigeria, mis en orbite la semaine dernière.

Les deux satellites sont NigeriaSat-2, construit en Grande-Bretagne avec la collaboration de la firme britannique Surrey Satellite Technology, et NigeriaSat-X, construit par des scientifiques et ingénieurs nigérians. NigeriaSat-X est ainsi le premier satellite conçu par des Africains.

Il faut noter qu'en 2007, le lancement du deuxième satellite du pays, NigComSat-1, construit en partenariat avec la Chine, avait été un échec.

Ces deux satellites ne sont pas là pour cartographier le cosmos mais pour cartographier Lagos, une mégapole qui semble aussi vaste que la Voie Lactée. Avec pas moins de 17 millions de personnes vivant dans le seul état de Lagos, la mégalopole reste une constellation bondée de l'humanité qui n'a guère été cartographiée.

Les caméras des deux nouveaux satellites perchées sur le Nigeria permettront aux responsables municipaux de tracer la ville qu ils administrent, explique Steve Young, qui est responsable du développement commercial pour Surrey Satellite Technology, l'entreprise qui a construit l'un des deux satellites. Les résidents de Lagos bénéficieront directement du programme spatial nigérian, dit-il, et les gouvernements qui dirigent les autres mégapoles de l'Afrique pourraient bientôt suivre.

«Nous prenons souvent pour acquis que toutes ces informations sont disponibles avec des cartes précises, les registres fonciers, les systèmes de planification, les systèmes de précision agricoles. Nous avons toutes ces choses sur place, mais pour beaucoup du pays, ce n est pas le cas », note Young.

Mais les nouveaux satellites, Nigeria Sat-2 et le Nigeria Sat-X, feront plus que photographier la plus grande ville d Afrique sub-saharienne. Ils feront des décodages infrarouges des fermes du Nigeria, et diffuseront des données d'estimation des prévisions de récoltes de prochaines saisons. Ils offriront également aux agriculteurs des données satellitaires sur l'endroit où épandre de l'engrais, et garder un Sil sur la façon dont les zones désertiques du Nigeria se répandent.

Lorsqu'une catastrophe frappe, les agences d'aide se baseront sur les photographies que les satellites fourniront.

Jusqu'à maintenant, lorsque le Nigéria avait été confronté à des catastrophes, il a souvent compté sur les photos achetées à d'autres satellites, affirme Omar Isah du Nigerian Communications Satellites. Selon lui, les deux nouveaux satellites renforceront les capacités spatiales du Nigeria.

Plus de 40 ingénieurs spatiaux nigérians étudient en doctorat ou en master dans le monde, note Young. Pour lui, quand ils rentreront chez eux, ils seront moteurs pour le secteur des hautes technologies du pays.

« Un corps d'ingénieurs très expérimentés, de techniciens en haute technologie, et de gens qui vont bénéficier à l'ensemble de l'économie, se forme. », a déclaré Young.

Les critiques avancent que le programme spatial est une mission de prestige par l'élite riche du Nigeria. Quatre cinquièmes des habitants du pays vit avec moins de 2 dollars par jour, en dépit du flot ininterrompu de l'argent du pétrole.

Mais pour Isah, les Nigérians ne peuvent pas laisser leurs problèmes sur Terre les empêcher de découvrir la promesse des étoiles.

Analyste sur Nextafrique.com.

Ingénieur en chimie fine, Kader travaille à Londres comme chercheur au sein d'une société de cosmétique. Ces centres d'intérêts sont la technologie, le développement durable et les sciences en général