La crise politique qui persiste en Côte d'Ivoire tire vers le bas la reprise économique que connaît actuellement l'Afrique de l'Ouest, selon un rapport du FMI publié le 17 mars dernier.

D'après les estimations, la croissance économique de la zone UEMOA aurait retrouvé les niveaux enregistrés avant la crise financière mondiale et la flambée des prix alimentaires et énergétiques de 2007-08.

Les premières projections

« Si une solution rapide et non violente intervenait en Côte d Ivoire et qu elle s accompagnait de politiques avisées, la région pourrait poursuivre sur la voie de la reprise. », note le FMI. En effet, d après les prévisions, l activité économique de l ensemble de la zone devait continuer sur la pente croissante avec 3% en 2009, 4% en 2010 et une projection de 4,5% en 2011.

Toutefois, la stabilité politique de la région est une condition nécessaire pour la réalisation de cette conjecture favorable. Le FMI met en garde : « Une chute de la production en Côte d Ivoire comme celle qui s est produite en 2000 et 2002 pourrait faire passer la croissance moyenne de la région en dessous de 3 %. »

Les canaux de propagation intra-UEMOA

Les effets de la crise en Côte d Ivoire, chaque jour plus intense, se propagent dans la sous-région à travers plusieurs canaux :

Echanges et transports

Les pays enclavés de l hinterland (Mali, le Burkina-Faso et Niger) ont été contraints de se désengager des destinations marchandes ivoiriennes, passant notamment par les ports ghanéens, togolais et sénégalais. Ce qui a permis de réduire la corrélation des dynamiques de croissance.

Envois de fonds et migrations

Les pays limitrophes, principalement le Libéria et le Ghana, doivent faire face à un afflux de réfugiés qui pèse lourdement sur des ressources déjà limitées. Si la crise ivoirienne s enlise, les coûts humain et financier seront très élevés.

Liens financiers

Les liens financiers sont maintenant plus étroits, par le biais du marché obligataire régional. La fermeture des locaux ivoiriens de la BCEAO, la banque centrale régionale, fin janvier, suivie mi-février par celle de la plupart des banques du pays, a plongé le système bancaire ivoirien dans le désarroi. Depuis décembre 2010, la BCEAO a prorogé l échéance des titres publics ivoiriens arrivant à terme et détenus essentiellement par des banques de l UMEOA, en vue limiter les risques de liquidité et de solvabilité du secteur. Mais les banques se trouvent malgré tout confrontées à une dégradation de la qualité de leurs actifs.

La stagnation de l'économie mondiale n aide pas

L essoufflement de l économie mondiale pourrait aussi ralentir la reprise en Afrique de l Ouest par son effet sur les exportations, les transferts de fonds des migrants et les flux de capitaux. Une poursuite de la hausse des prix des denrées alimentaires et carburants représenterait une menace inflationniste à surveiller.

Que faut-il faire pour maintenir la croissance ?

Dans ses consultations régionales annuelles sur les politiques communes de l UEMOA, le FMI note qu « il sera crucial d accélérer les réformes engagées dernièrement et d améliorer la compétitivité. »

Outre la stabilité politique, le rapport liste notamment quatre réformes essentielles pour stimuler la croissance :

  • Maintenir la stabilité macroéconomique, notamment en créant une marge de manSuvre budgétaire pour les dépenses prioritaires, et ce en augmentant les recettes fiscales et en améliorant la qualité de la dépense.
  • Approfondir les marchés financiers.
  • Améliorer la coordination des politiques nationales, notamment en améliorant la gestion des finances publiques par l application en temps opportun des directives pertinentes.
  • Accélérer la mise en oeuvre des grandes réformes structurelles pour améliorer le climat économique, la gouvernance, et le fonctionnement du secteur énergétique.
Analyste sur Nextafrique.com.

L. Trame a travaillé au sein de plusieurs banques d'investissements de la place de Paris. Ses centres d'intérêts sont l'économie, la finance de marché et les nouvelles technologies.